intelligence artificielle pour experts-comptables

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Qu’est-ce que l’intelligence artificielle (IA) en comptabilité ?

L’IA : définition et applications dans les cabinets

Définition de l’intelligence artificielle

Selon l’expert Yann Le Cun1, du groupe Meta, l’intelligence artificielle est « la capacité qu’aurait une machine à exécuter des tâches et à résoudre des problèmes normalement attribués aux humains ». L’intelligence artificielle vise donc à faire exécuter par des machines (ordinateurs et programmes informatiques) des processus cognitifs jusque-là réservés à un cerveau.

Par rapport à une automatisation à base d’algorithmes, l’une des caractéristiques marquantes de l’IA est sa capacité d’auto-apprentissage, le fameux Machine Learning. L’IA se nourrit en permanence des nouveaux contenus qui sont injectés dans les bases de données. Elle apprend toute seule, en se nourrissant de textes, mais aussi d’images, de vidéos, de sons, et même de contenus non structurés. Elle n’oublie rien, ne prend jamais de vacances, et est toujours d’excellente humeur.

Les activités des cabinets d’expertise comptable qui sont concernées par l’IA

L’usage de l’Intelligence Artificielle n’a déjà plus rien d’expérimental dans des centaines de cabinets comptables. Il concerne en particulier :
La tenue de comptabilité,
La révision des comptes,
La gestion de la paie,
L’accompagnement juridique et fiscal,
L’audit et le commissariat,
L’élaboration des tableaux de bord…

Une avancée marquante concerne la saisie comptable. On ne parle plus simplement de reconnaissance de caractères (OCR) : l’IA comprend ce qu’elle lit. Elle apprend au fil du temps, et ses propositions deviennent de plus en plus précises. Résultat : la grande majorité des factures sont traitées automatiquement, ce qui libère du temps pour des tâches à plus forte valeur ajoutée.

Historique et évolution de l’IA dans le secteur comptable

Au cours de ces dernières années, plusieurs facteurs ont concouru à faire franchir à l’IA une nouvelle étape :

Des capacités de stockage des données bien meilleur marché (disques durs, SSD…), et illimitées (dans le Cloud) ;
Des processeurs capables d’énormes capacités de traitement à moindre coût ;
Le Big Data qui alimente les bases de données ;
Les progrès des algorithmes statistiques, de plus en plus précis et performants.

Résultat : l’IA devient accessible à tous, comme l’a montré par exemple le succès de son plus récent avatar, l’intelligence artificielle générative (ChatGPT, etc.).

Où en est la profession ?

Aujourd’hui, la route est ouverte pour l’IA dans les cabinets, selon une récente étude présentée lors du congrès de Montpellier :

Si un tiers (34%) des experts-comptables considèrent l’intelligence artificielle comme une menace pour leur activité,
ils sont 79% à croire que l’IA pourrait les aider les cabinets à aller plus loin dans la réalisation de leurs missions traditionnelles,
et 70% affirment que l’intelligence artificielle pourrait permettre aux cabinets de développer de nouvelles missions.1

Près d’un quart des experts-comptables utilisent déjà l’IA sous une forme ou sous une autre2. En d’autres termes, la question n’est plus guère de savoir si la profession doit intégrer massivement l’IA, mais plutôt quand, et comment.

Les avantages de l’IA pour les experts-comptables

L’IA pour gagner du temps et être plus productifs

Le doute n’est plus permis, l’intelligence artificielle comptable fait gagner du temps sur la tenue et les missions de base. Le consensus s’établit sur un gain de productivité de l’ordre de 20%3 la deuxième année, potentiellement bien plus ensuite. Certains l’estiment supérieur. En tous cas plus de la moitié des cabinets d’expertise comptable ont déjà automatisé la saisie des données comptables, la collecte des pièces financières et des données fiscales, selon une étude d’OpinionWay². Et même la totalité des cabinets de plus de cinquante collaborateurs ! Les faits sont parlants.

Il est certain que le gain de temps et d’efficacité au quotidien se constate d’abord dans la saisie. C’est sur cette dimension que la plupart des experts-comptables la jugent positivement aujourd’hui. L’IA apprend vite, s’adapte aux habitudes du cabinet et aux différents plans comptables, et finit par comprendre sans avoir besoin de lui expliquer ce qu’elle doit faire ou comment interpréter les données.

Pourquoi l’IA améliore la précision des données

Les éléments qui font la valeur « probante » des données, à savoir :

leur authenticité,
leur intégrité,
leur intelligibilité,

demeurent plus que jamais la clé pour une mission réglementaire accomplie dans les règles de l’art. Mais intégrer en comptabilité des données certaines dès le stade de la saisie, c’est aussi s’assurer d’une révision bien plus rapide. En la matière, l’intelligence artificielle apporte un niveau de qualité jamais atteint auparavant dans des circonstances normales. Pour commencer, elle élimine les erreurs dans la saisie des montants…

Autre intérêt de l’IA comptable : la vérification immédiate et systématique de la conformité des pièces comptables. Quel collaborateur contrôlerait sur chaque facture que le SIRET qui y figure correspond bien au fournisseur référencé, ou qu’elle intègre bien les mentions règlementaires ? Que les différents montants de TVA réclamés correspondent bien à la nomenclature ? L’intelligence artificielle réalise ces contrôles automatiquement, et alerte le collaborateur en cas d’anomalie suspectée.

Enfin, l’intelligence artificielle va permettre au cabinet d’utiliser toutes les données qui ont été captées, c’est-à-dire non seulement les éléments strictement nécessaires à la comptabilisation, mais aussi le contenu des pièces, dans le détail.

Des données qui permettent de prendre des décisions

La mission de l’expert-comptable, c’est de donner du sens aux données, d’aider ses clients à considérer leurs réalités d’aujourd’hui, pour prendre les décisions qui construiront leur futur. La capacité contributive des TPE, des PME, des BNC, implique de limiter l’intervention humaine. Mais la capacité de l’intelligence artificielle à rapprocher les données récoltées sur l’activité de l’entreprise avec les bases de connaissances ouvertes (le Big Data) ouvre à tous la porte du conseil et du prédictif.

Le défi : apporter la bonne donnée, au bon moment et dans le bon contexte. Pour que les données soient au rendez-vous, il faut avoir pensé en amont à ce qu’on en fera – sinon la qualité reste trop basique ou très hétérogène. Il faut travailler sur les référentiels de données qui seront nécessaires à délivrer les services que l’on désire rendre. Et adopter ce référentiel sur toutes les datas de tous les clients du cabinet. De la sorte, l’IA apprendra beaucoup plus vite – sinon, elle considérera chaque cas indépendamment, et ça lui prendra beaucoup plus de temps.

Revoir le webinar :

L’IA au quotidien : créer de la valeur avec Cegid Loop

Les outils d’IA les plus populaires parmi les cabinets comptables

Quelles sont les solutions d’intelligence artificielle les plus recherchées par les experts comptables ? Les tendances sont constantes : un outil métier intelligent, l’accès au prédictif et une automatisation de l’ensemble du processus comptable.

Des logiciels de comptabilité intelligents

La première raison pour lesquelles les cabinets veulent des logiciels de comptabilité intelligents, c’est que… les cerveaux manquent ! Le marché du travail n’est pas à l’avantage des experts-comptables, c’est le moins que l’on puisse dire. Les collaborateurs expérimentés sont introuvables, les jeunes sont exigeants. Les salaires augmentent. Et plus personne ne veut faire de saisie. Dans de telles conditions, il est stratégique d’éliminer du quotidien toutes les tâches qui pourraient être réalisées par un robot.

Les logiciels métier à base d’intelligence artificielle, comme Cegid Loop, ou les robots de saisie, comme Cegid Conciliator, dégagent les collaborateurs des tâches répétitives – et désormais considérées comme rébarbatives. Résultat : il n’y a pas aujourd’hui un éditeur de logiciels qui ne se revendique de l’intelligence artificielle. Mais la réalité est complexe. Les investissements à réaliser pour maîtriser la technologie et la mettre complètement au service de la profession sont considérables ; tous les acteurs informatiques ne peuvent pas se les permettre.

Benchmarks et prédictif

Le temps gagné en production et la présence d’une data sécurisée et délivrée en temps réel permettent de passer deux caps : la comparaison et l’anticipation.

Comparer : Tout dirigeant, et même tout indépendant, ressent le besoin de se comparer à ses pairs. Mais les statistiques sectorielles habituellement disponibles sont le plus souvent trop imprécises pour en tirer une recommandation. La qualité et la profondeur de la data extraite par l’IA changent la donne.

C’est, par exemple, le cas sur les achats : l’expert-comptable peut comparer le prix obtenu auprès du fournisseur référencé à un coût moyen régional et conseiller son client en conséquence, que celui-ci soit boulanger ou entrepreneur du BTP. Il en va de même sur les ventes : est-il plus cher que ses concurrents ? Moins cher ? Cette différence est-elle justifiée ? Autant de domaines d’analyses nourries par l’intelligence artificielle, pour délivrer à son client un conseil pleinement utile à son exploitation.

Prédire : Après la comparaison du présent vient la vision de l’avenir. Comment anticiper les conséquences d’un investissement sur la croissance d’une entreprise ? Choisir entre deux emplacements possibles pour la nouvelle boutique d’un commerçant ? Imaginer l’assortiment en tailles d’un revendeur de maillots de bains ?

L’accès au Big data et le croisement des données disponibles avec celles de la marque ou du magasin permettent à l’IA d’aligner les meilleures probabilités.

Pour Elisa Tomasini-Bartoli, groupe FFIM à Porto Vecchio, l’apport de l’IA est clair : « Le prédictif fait passer l’expert-comptable du côté de l’exploitation ».

Les outils de restitution

La présentation des comptes annuels constitue un rendez-vous important entre un expert-comptable et son client – souvent même elle constitue la seule réunion formelle de l’exercice. Mais la lecture du bilan ou les écarts constatés du compte d’exploitation n’intéressent guère les dirigeants de PME ou les indépendants. Une restitution réussie est une restitution utile : elle attire l’attention sur les points décisifs, tout en valorisant le travail et l’engagement du cabinet.

Des applications de data visualisation sont capables de s’interfacer directement avec Cegid Loop, d’interpréter ses données, de proposer les graphismes les plus éclairants, et finalement de produire des représentations graphiques qui en diront bien plus long qu’un discours.

Ainsi Louis Cléon (cabinet Cléon Martin Broichot, Dijon) a créé un mini Chat-GPT, en utilisant son API pour préserver la confidentialité des données anonymisées transmises. En nourrissant l’IA des états financiers en format Excel, il obtient un plan de présentation des comptes qui insiste sur l’essentiel. Il utilise également un générateur de slides à base d’IA. « Ces deux outils me font gagner 5 à 6 heures par dossier », précisait-il dans un récent webinar consacré à l’IA dans la révision comptable.

Visionner le webinar IA et révision, avec Louis Cléon

Comment intégrer l’IA dans votre cabinet comptable

Jusqu’à décembre 2023, faire entrer l’IA dans un cabinet d’expertise-comptable signifiait migrer vers des applications qui en contenaient – comme Cegid Loop ou Conciliator, par exemple. L’arrivée de l’IA générative, ChatGPT en tête, apporte une nouvelle dimension à l’intégration de l’IA. Comment s’y prendre ? Comment piloter ce changement pour conduire son cabinet vers l’avenir ?

Évaluation des besoins et choix des outils

Segmenter sa clientèle

Les besoins des entreprises changent, la part de conseil et d’accompagnement qu’elles attendent de leur expert-comptable aussi. Mais il est rare qu’elles aient toutes les mêmes ! La première étape consiste à les segmenter sur la base de leurs attentes d’abord, et par leur capacité d’autonomie. En complément des ressentis individuels des collaborateurs, on peut réaliser une étude auprès de sa clientèle, de sorte à disposer de données cohérentes.

Croiser ces différentes catégories de clients avec la proposition de valeur du cabinet permet de fixer sa stratégie : quels nouveaux services veut-on leur apporter en s’appuyant sur l’IA ? Conseils en gestion, tableaux de bord, prévisionnels, services administratifs ?

Choisir son outil métier

Ce n’est pas parce que tout logiciel aujourd’hui revendique d’avoir une IA intégrée que tous se valent, loin de là. Les critères clés demeurent :

La conformité,
La disponibilité,
L’ergonomie,
L’efficacité,
La sécurité,
La pérennité de l’éditeur, …

Mais l’ouverture de la solution, autrement dit la facilité de son interfaçage par API avec des applications tierces spécialisées, constitue une valeur particulièrement importante à l’heure de l’IA : elle-seule permettra d’utiliser, en temps réel, les datas collectées.

Formation et adaptation de l’équipe

Faire un diagnostic et recenser les compétences internes

C’est le moment de faire le point sur les ressources du cabinet. Quelle est l’appétence à la technologie de vos managers, de vos collaborateurs ? Utilisent-ils déjà l’IA, même à titre personnel, même sans le savoir (via par exemple, l’agent conversationnel Copilot de Microsoft, embarqué dans la suite 365 !). On cherchera aussi à mesurer leurs soft-skills. Capacité à résoudre les problèmes, adaptabilité, leadership, autonomie, curiosité, capacités de persuasion… autant de qualités particulièrement utiles dans une intense période de transformation.

Comprendre et lever les résistances au changement

Toute communauté professionnelle a ses habitudes de travail, et la communauté comptable, tenue à respecter conformité et délais déclaratifs, sans doute plus encore qu’une autre. L’IA tend à faire disparaître des opérations comme la saisie, certes répétitives, mais qui peuvent aussi être rassurantes pour qui les réalise. Il faut soulever et résoudre les résistances au changement.

Mise en place d’une stratégie d’intégration

Le principe est le même pour passer à l’IA qu’en matière d’automatisation comptable en général : ça ne se fera pas tout seul ! Pour mobiliser les équipes au service du changement, il faut que les rôles complémentaires de l’humain et du robot soient clairement identifiés. C’est l’IA qui est mise au service du collaborateur comptable, pas l’inverse. Cette clarification est centrale.

« Le robot comptable de Cegid Loop a été notre premier collaborateur »
Lire le témoignage de Sylvia Oddou – Some Associés, Sisteron

Pour diffuser l’innovation et ses usages en interne, il est recommandé de nommer un référent IA, qui a la connaissance opérationnelle du métier ; il sera assisté par un associé porteur de la vision du cabinet.

Tout au long de la réflexion et de la mise en place d’une solution de comptabilité à base d’IA, il est préférable de se faire accompagner. L’éditeur partagera ses méthodes, son expérience et ses formations. Et un ou plusieurs partenaires spécialisés dans la transformation digitale permettront de déployer rapidement des solutions nouvelles, basées sur les données.

Cas d’usage de l’IA en comptabilité

Quels sont les principaux usages de l’intelligence artificielle en comptabilité ? On la retrouve d’abord dans la tenue quotidienne des comptes, puis dans la révision. L’IA constitue également une arme puissante dans la détection des fraudes, mais prend aussi une place de plus en plus importante dans les travaux d’audit.

Traitement automatisé des factures et révision

Saisie

La valeur ajoutée par l’IA à la saisie comptable n’est plus à démontrer. Tous ceux qui utilisent Cegid Loop le reconnaissent : « La reconnaissance et l’affectation sont fiables, l’interface est ergonomique et même ludique, le logiciel est pratique et agréable à utiliser », déclare par exemple Melvin Dijon, du cabinet Ozeon, à Vendome. Ou très loin de là, à Fort-de-France, Luc Bellinck (Accentys) : « Loop possède un excellent moteur d’IA, le robot fonctionne très bien, et nous avons constaté la qualité de son apprentissage. La solution remplit parfaitement ses promesses. Nous avons gagné 30% de temps sur les travaux comptables, et la saisie représente maintenant moins de 50% de notre activité ». Ou encore le jeune expert-comptable à Quimper Régis Gouazou (Revalen) : « Pour l’intégration en comptabilité des ventes caisse de certains clients, je suis passé d’une heure avec Cegid Quadra à 10 minutes sur Cegid Loop ! »

Révision

Avec l’IA comptable, la frontière entre tenue et révision s’estompe ; beaucoup de vérifications sont effectuées en tâche de fond, dès le stade de la saisie au lieu d’attendre la période fiscale.

« Il m’est arrivé de récupérer un client qui présentait des immos nettes négatives pour cause d’un amortissement passé dans un mauvais compte. Dans Cegid Loop ça ne serait pas arrivé, grâce à son contrôle intelligent par le rapprochement entre dotations et immobilisations de la comptabilité, et le module immobilisations », remarque Olivier Biquet, expert-comptable indépendant et client Loop depuis janvier 2020.

Détection des fraudes

46% des organisations déclarent avoir été victimes de fraudes au cours des 24 derniers mois4. Cybercriminalité, détournement d’actifs et fraude comptable constituent le trio principal. On parle par exemple de détournements de fonds, via le changement des coordonnées bancaires sur une facture, ou de fraude à la livraison, avec modification frauduleuse de l’adresse.

L’intelligence artificielle comptable et les algorithmes de détection d’anomalies et d’incohérences permettent d’identifier automatiquement des schémas suspects ou des anomalies dans les données financières, ce qui aide à détecter plus rapidement les fraudes ou les erreurs.

Audit assisté par l’IA

La notion de qualité est au cœur de l’audit, comme l’ont rappelé les nouvelles normes ISQM. La force de l’IA pour servir les métiers de l’audit est de pouvoir apprendre à partir des données existantes pour définir des « patterns » vis-à-vis desquels elle va ensuite détecter l’anormalité. En systématisant tous les contrôles, en simplifiant et en accélérant les missions, l’intelligence artificielle se tient aux avant-postes de la qualité des missions d’audit.

Audit externe :

Face au nombre croissant de données à auditer, l’IA offre une puissance de production qui permet de libérer et de développer l’expertise humaine. Pour commencer, elle facilite l’accès aux informations : les auditeurs externes disposent en temps utile des éléments nécessaires, prêts pour le processus d’audit.

Audit interne :

L’IA permet aux auditeurs internes de passer de l’analyse réactive à l’analyse prédictive. En utilisant des modèles d’apprentissage automatique, ils peuvent anticiper les risques potentiels, et présenter des recommandations directement utiles.

Dans l’audit comme dans la comptabilité, l’IA ne peut pas constituer une solution autonome. Elle est d’avantage un outil proactif, qui rationalise le travail ou l’analyse de routine, facilite et enrichit les diligences de l’auditeur.

Les défis éthiques de l’IA

L’intelligence artificielle soulève des questions fondamentales sur la nature de l’intelligence, de la conscience, et de l’interaction entre l’homme et la machine. Appliquée à l’expertise-comptable, trois dimensions apparaissent particulièrement importantes.

Sécurité et confidentialité des données

L’usage de l’intelligence artificielle pose des questions spécifiques en ce qui concerne la sécurité des données lors de leur transmission et au cours de leur traitement. Il faut pouvoir répondre le cas échéant aux demandes d’information et aux vérifications effectuées par les autorités de contrôle ou leurs représentants, notamment en cas de suspicion de violation des dispositions du RGPD, d’injonction de mise en conformité, ou de demandes d’exercices des droits de la part des personnes. Par ailleurs, que devient une information communiquée à une IA générative ? Sera-t-elle oubliée ou conservée ? Sera-t-elle réutilisée ?

Des règles s’imposent. Il ne faut pas hésiter à poser des questions précises à son éditeur. Quelques acteurs prennent déjà des engagements en la matière et certains (Microsoft/Open AI) proposent déjà des environnements protégés pour des données qu’on ne souhaite pas partager, dans le cadre de modèles payants.

Éthique et Transparence des Algorithmes

L’intelligence artificielle soulève d’autres questions éthiques complexes, notamment ici au regard de la neutralité des systèmes, de la transparence des algorithmes, et de la responsabilité in fine en cas de décisions automatisées.

Les biais de neutralité : les systèmes d’IA peuvent refléter, voire amplifier les préjugés présents dans les données sur lesquelles ils ont été formés, ce qui peut entraîner des décisions erronées. En d’autres termes : il ne faut pas leur donner de mauvaises habitudes ! Qui va briefer votre système ?

La transparence des algorithmes : elle donne la capacité de comprendre comment le robot prend ses décisions. Elle implique la disponibilité d’informations sur le fonctionnement des modèles d’IA, les données utilisées pour les former, les mécanismes et les facteurs pris en compte dans la prise de décision.

La question de la responsabilité : qui est responsable lorsqu’un système d’IA prend des décisions dommageables ou incorrectes ? Les développeurs, les entreprises qui les déploient, les algorithmes, ou… les experts-comptables ?

L’impact sur l’emploi dans le secteur comptable

Le troisième défi, pourtant peut-être le plus fondamental, c’est le défi humain. Le métier de collaborateur en cabinet va-t-il disparaître ? Que restera-t-il aux opérateurs de saisie une fois que l’IA exécutera leur travail quotidien, au moins aussi bien qu’eux ? Comment garder le contact avec les clients quand la déclaration de TVA aura été automatisée ?

En réalité, le temps gagné, et la profondeur des données recueillies par une IA comme celle de Cegid Loop, ouvrent aux collaborateurs la porte sur de nouvelles opportunités. Comme la comptabilité analytique, longtemps le parent pauvre des cabinets : ils pourront mettre en place et suivre des indicateurs, produits de manière automatisée, et apprendre à leurs clients à les lire et à s’en servir. Ou encore proposer des services d’assistance administrative et des missions de RAF externalisé. L’IA doit permettre de revaloriser les missions et les collaborateurs du cabinet.

A ces nouvelles missions s’ajoutent toutes celles ouvertes par la loi PACTE. Ainsi pour les conseils et les missions RSE : le cabinet peut ainsi être amené à établir des bilans carbone, ou à rédiger les rapports annuels relatifs aux efforts entrepris. Ici aussi, ils trouveront l’appui de l’intelligence artificielle.

L’avenir de l’intelligence artificielle en comptabilité

Permettant à la fois de gérer l’information en temps réel et de transformer la donnée brute en enseignements actionnables, l’intelligence artificielle constitue une puissante alliée pour les experts-comptables dans la nouvelle relation qu’ils établissent avec leurs clients.

Le rôle évolutif de l’expert-comptable

Personne n’est devenu expert-comptable pour réclamer des pièces manquantes ou remplir des tableaux Excel. Il est dommage que l’ambition de conseil qu’ont les experts-comptables soit trop souvent noyée sous le poids du réglementaire et la dictature du quotidien. L’intelligence artificielle constitue un accélérateur de transformation des cabinets d’expertise-comptable qui veulent retrouver leur vraie vocation de coach en gestion, capable d’accompagner ses clients dans tous les aspects de leur exploitation.

C’est aussi l’avis de la génération montante : l’IA est perçue par les experts-comptables mémorialistes comme une révolution bénéfique. Matthieu Dintras, président de l’Anecs, pense ainsi que « l’IA permet de mieux synthétiser les informations et de proposer des pistes de solution », tout en précisant : « à condition qu’elle soit transparente et facile à auditer. »

« A terme, l’IA va créer deux catégories d’experts-comptables : ceux qui la maîtrisent et ceux qui ne la maîtrisent pas. Les premiers mangeront les seconds », conclut-il.

L’IA « permettra de disposer davantage de temps pour conduire des missions à valeur ajoutée », estime Laure Bertho, également mémorialiste.

L’intelligence artificielle générative, une innovation à tester et à surveiller

L’arrivée de ChatGPT à la veille de Noëlen 2023 a fait l’effet d’une bombe. En une semaine, il atteignait un million d’utilisateurs. En quelques mois, un milliard. Depuis, on a vu arriver Bard (Google), Llama (Facebook), Anthropic (Amazon). A la rentrée 2023, 53% des experts-comptables avaient déjà testé l’intelligence artificielle générative, dont la moitié à titre professionnel » annonçait François Millo, directeur du marché experts-comptables chez Cegid.

L’IA générative (IAG) est une branche de l’intelligence artificielle spécialisée dans la création de nouveaux contenus : des textes (lettres, rapports, articles…), des images, ou même des vidéos. En matière de textes par exemple, l’IAG est capable de comprendre finement les requêtes, mais aussi de générer des réponses nouvelles à partir d’informations qu’elle est allée elle-même chercher, et de les exprimer dans un langage structuré et une syntaxe agréable.

Voir la conférence du 11 janvier 2024 sur l’IA générative, avec l’auteur du best-seller « Si Rome n’avait pas chuté ».

Les premières applications en matière comptable concernent la restitution des comptes. L’IAG aide à synthétiser les données, et à concentrer sa présentation sur celles qui seront vraiment utiles au dirigeant. Et plutôt que de devoir dérouler en réunion un bilan ou un compte d’exploitation, l’IAG peut générer des slides et des graphiques qui seront plus directement parlants.

On retrouve aussi l’intelligence artificielle générative à l’œuvre dans l’automatisation des rapports de gestion ou la rédaction des annexes, avec une productivité très nettement améliorée !

André Brunetière, Chief Product and Innovation Officer chez Cegid, estime qu’on connait actuellement environ 5% des applications possibles de l’IA générative. Aux experts-comptables d’en imaginer d’autres, de les essayer, de les améliorer, sans oublier de transmettre la curiosité autour d’eux. Pourquoi pas introduire une question rituelle dans vos réunions d’équipe : « Qu’avons-nous fait de nouveau avec l’intelligence artificielle générative cette semaine ?

Synthèse et conclusion

L’intelligence artificielle constitue à la fois une planche de salut et un puissant levier pour les experts-comptables. Une planche de salut, parce qu’elle permet de dégager des gains de productivité rapides et mesurables, dans un contexte concurrentiel tendu. Et un puissant levier, capable de donner à leur métier sa pleine dimension d’accompagnement et de conseil.

L’IA ne se limite pas à la saisie, et les cas d’usage se multiplient depuis l’apparition de l’intelligence artificielle générative. La révolution du cabinet comptable moderne est en marche !

L’IA pour les experts-comptables : synthèse

Définition

L’IA automatise les tâches humaines en comptabilité, révolutionnant la gestion des comptes et offrant un potentiel d’expansion pour les cabinets.

Avantages de l’IA en comptabilité

L’intelligence artificielle apporte des gains de temps et de productivité, améliore la précision des données, facilite et accélère les prises de décision.

Outils d’IA en comptabilité

Les logiciels intelligents libèrent du temps, permettent benchmark et prédictif, et offrent des outils de restitution avancés pour des conseils pertinents.

Intégration de l’IA en cabinet comptable

L’intégration de l’IA nécessite l’évaluation des besoins clients, le choix d’un outil métier puissant et ouvert, et la formation de l’équipe, dans une stratégie d’intégration claire.

Usage de l’IA dans l’audit

L’IA rationalise le travail de routine et enrichit les diligences de l’auditeur, renforçant la qualité des audits externes et internes.

Questions éthiques liées à l’IA

Les défis éthiques incluent l’usage et la sécurité des données, qui nécessitent des règles claires, et l’impact sur l’emploi en l’absence de culture d’innovation.

L’IA, l’avenir des experts-comptables

Outre gérer intelligemment le quotidien comptable, l’IA constitue aussi le puissant allié du conseil stratégique, tant dans sa production que dans sa transmission.

Intelligence artificielle pour experts-comptables : la révolution du cabinet