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Expertise Comptable

La data, une réalité qui s’impose dans les cabinets

27 mars 2023

9 min
A la suite de la parution du livre blanc « Construire et mettre en œuvre son patrimoine data », une série de webinars a permis d'approfondir le sujet avec des experts-comptables pionniers des nouveaux usages de la data en cabinet, des intégrateurs, et des spécialistes Cegid. Morceaux choisis.

L’expert-comptable est déjà un spécialiste de la donnée financière et de sa mise en forme pour répondre aux obligations réglementaires de ses clients. Pourquoi doit-il aller plus loin aujourd’hui ? En quoi les nouvelles approches autour de la data et de l’IA impactent-elles son activité ? Quelles en sont les perspectives ? Retour sur une série de webinars consacrés à la donnée et son usage.

 

L’automatisation met les datas au centre du jeu

Faut-il devenir data scientist quand on est expert-comptable ? Une interrogation à laquelle Pierre Kergall, Senior Product marketing manager chez Cegid répond d’abord par le contexte de la profession comptable. Les cabinets subissent depuis plusieurs années de nouvelles concurrences, des honoraires de mission à la peine, des profits en baisse. En conséquence, comme le prévoyait l’étude Les Moulins de 2020, les professionnels du chiffre cherchent à se diversifier dans le conseil et le service à leurs clients, qui devrait représenter 36 % de leurs revenus à l’horizon 2025. De quoi regagner en rentabilité.

Dans un contexte de pénurie de talents, il est indispensable de libérer du temps aux collaborateurs pour réaliser ces nouvelles missions. L’automatisation de la production comptable traditionnelle, en plus de réduire la charge de travail, a aussi le mérite de placer la data au centre du jeu, comme le précise Pierre Kergall, Senior Product marketing manager, Cegid : « Il ne peut pas y avoir d’automatisation réussie sans des données de qualité. Elle permet de déplacer le centre de gravité de l’activité du cabinet vers la relation client. Et dans ce nouvel équilibre, la donnée devient essentielle. Car les clients attendent du temps réel et des réponses personnalisées. L’automatisation va permettre de les satisfaire ».

« 70 % des entreprises déclarent manquer de temps pour analyser leurs propres données[1]. Il y a là un potentiel d’intervention à valeur ajoutée considérable pour leurs experts-comptables »
Pierre Kergall, Senior Product marketing manager, Cegid

 

Titulaire de son DEC depuis 2019, avec un mémoire de fin d’études consacré à l’IA et la data, Elisa Tomasini-Bartoli, Experte-comptable pour le cabinet SAFIFM et commissaire aux comptes, partage son avis.

« J’ai toujours pensé que la finance pouvait se rapprocher de l’exploitation. Aujourd’hui, nos clients nous demandent d’aller au delà des obligations légales, ils souhaitent que nous les aidions à gérer leurs entreprises. En ce sens, la data est une mine d’or pour notre profession.»
Elisa Tomasini-Bartoli, Experte-comptable, cabinet SAFIFM

 

Lorsque le cabinet sait rapprocher des données financières et d’autres extra-financières, il devient possible d’expliquer certaines évolutions d’un chiffre d’affaires, par exemple lorsque les produits vendus ne correspondent pas à la clientèle d’un magasin. L’expert-comptable peut établir des prévisionnels, de sorte à éclairer la décision du chef d’entreprise. « Mais ce ne sont pas des arts divinatoires. Nous anticipons à partir de datas disponibles et de qualité, dont beaucoup sont déjà accessibles en open data ».

 

La data, un levier pour monitorer, comparer, prévoir 

La comparaison avec des concurrents, les benchmarks, deviennent également plus faciles, à partir des FEC et en respectant les contraintes d’anonymisation du RGPD. Mais la première étape, la plus utile au quotidien, consiste à aider le dirigeant à piloter son entreprise, au travers d’indicateurs (SIG, KPI) alimentés par des datas à jour. « Grâce à des données de qualité, nous avons la possibilité de devenir de vrais coachs aux côtés des dirigeants, dont nous savons nourrir les prises de décisions », illustre l’expert-comptable.

Une telle évolution des prestations du cabinet ne va pas sans poser des questions sur la capacité de ses collaborateurs à les mener à bien. « Il y aura moins de besoins en matière de saisie, suite à l’automatisation de la production. Il va falloir accompagner cette mutation avec une conduite du changement ambitieuse, insiste Elisa Tomasini-Bartoli. C’est une révolution sur le plan humain. Elle va concerner aussi bien les collaborateurs que les clients et les confrères. » Elle rappelle que la crise sanitaire a démontré que les cabinets avancés sur le plan de la digitalisation possèdent un avantage certain lorsque le bateau tangue.

« Avec la data, il faut se prendre en mains, et ne pas attendre la vague qui risque de nous noyer ».
Elisa Tomasini-Bartoli, Experte-comptable, cabinet SAFIFM

 

La bonne nouvelle, explique Sylvain Moussé, Expert Cloud & Data (SM Expertise), c’est que les technologies sont disponibles chez les éditeurs de solutions. « Les grandes évolutions technologiques de ces dernières années sont pour l’essentiel nées des progrès et de la maturité sur la data et l’IA. Les éditeurs de logiciels se les sont appropriées et les ont mis au cœur même de leurs applications, ce qui leur donne la capacité de traiter de grands volumes de données en utilisant les algorithmes d’IA, à commencer par l’automatisation des traitements de flux ».

 

Penser à l’usage des données : voir grand, commencer petit

Pour en tirer parti, il faut changer d’attitude. Une attitude « data-driven » exige de s’interroger régulièrement sur les potentialités d’usage d’une donnée dont l’on dispose ou que l’on peut aller chercher. Le consultant définit trois axes de travail :

  1. Donner du sens à la data, notamment pour permettre à l’expert-comptable de proposer du conseil ;
  2. Travailler sur la qualité des données, avec une vraie réflexion sur l’automatisation de leur collecte, y compris auprès de sources extérieures, et sur leur transformation pour les rendre utilisables et utiles ;
  3. Faire émerger des référentiels, autrement dit une vision commune et partagée de ce que contient une donnée, ce qui permet aux moteurs d’IA d’exprimer alors toute leur puissance.
« Avec les datas, nous avons une mine d’or assurément. Mais il faut toujours essayer de trouver de nouveaux filons. Et ne pas oublier de les passer au tamis pour en garder le meilleur en termes de sens et d’utilité ».
Sylvain Moussé, Expert Cloud & Data, SM Expertise

 

Tous s’accordent pour réfuter le besoin de recruter des data scientist dans les cabinets. « Les data-scientists savent manipuler des algorithmes, mais ne connaissent rien au métier. C’est plutôt à l’expert comptable de monter en compétence et de devenir data manager » affirme par exemple Sylvain Moussé. Il rappelle aussi que les grandes transformations ne sont pas gratuites…, et conseille de commencer par dresser une liste réaliste d’une dizaine de projets, puis de lancer trois d’entre eux, pour comprendre l’effort à fournir et progresser par la pratique.

 

Elisa Tomasini-Bartoli voit dans la généralisation prochaine de la facturation électronique une opportunité d’aller de l’avant, de piloter le changement. La collecte des données dans la profondeur des lignes des factures va être l’occasion de se questionner sur leur potentiel d’usage, de création de nouveaux services aux clients. Comme le résume Sylvain Moussé, « la Covid avait mis en évidence les apports concrets du cloud aux métiers dans une période troublée. La data aussi est essentielle, et la facture électronique va éclairer ce point de manière aveuglante ».

 

 

 

[Webinar] Faut-il devenir data scientist quand on est expert-comptable ?

Ce webinar passionnera tous les experts-comptables qui veulent tirer parti des données… en se demandant par où commencer.

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Aider ses clients à piloter leur activité ? C’est pour tout de suite ! 

Le rôle de confident et de conseil de l’expert-comptable est crucial pour les chefs d’entreprise, rappelle Romuald Catoire, directeur marketing solutions experts-comptables et TPE chez Cegid.

« Il faut passer d’une assistance sur le réglementaire, toujours obligatoire mais plus suffisante, à un accompagnement qui va jusqu’au pilotage de l’exploitation. Nous pensons que la data est une ressource extrêmement intéressante dans cette perspective, pour proposer de nouvelles offres et ainsi répondre aux attentes ».
Romuald Catoire, directeur marketing solutions experts-comptables et TPE, Cegid

 

Le mouvement s’accélère, et ce pour trois raisons principales :

  • Les enjeux du passage à la facturation électronique qui suppose une mise en conformité, mais qui s’accompagne d’une opportunité de rendre de la valeur aux clients via l’exploitation des données ;
  • La révolution dans les flux bancaires (open banking, DSP2) qui s’impose à tous les établissements ;
  • La montée en puissance de l’IA enfin, désormais présente à tous les étages, depuis l’automatisation de la chaîne de production jusqu’à l’aide à l’exploitation de données en masse.
« La data et son exploitation n’ont d’intérêt que pour travailler au pilotage et en temps réel. Mais pour cela il faut avoir réalisé le prérequis de l’automatisation ».
Romuald Catoire, directeur marketing solutions experts-comptables et TPE, Cegid

 

Reste que tous les cabinets ne sont pas logés à la même enseigne en termes de maturité sur ces sujets. Cédric Ribeiro, Expert-Comptable et gérant du cabinet Adezio, fait partie des pionniers. Il a cherché très tôt à s’informer puis à se former (notamment avec Le Wagon). Et il a finalement décidé de se faire accompagner par le cabinet Bicome Consulting, créateur de solutions autour de Power Platform.

« Je voulais une offre pour les clients de mon cabinet qui les aide à piloter leur entreprise comme on pilote une voiture. Sans délai lorsqu’on a l’information et pas au bout de trois mois ».
Cédric Ribeiro, Expert-Comptable, cabinet Adezio

 

Son cabinet a ainsi mis en place des mécanismes customisables d’automatisation des flux, utilisant notamment des API pour nourrir des reportings à partir de données présentes dans Cegid Quadra afin de fournir à chacun des indicateurs adaptés à son activité. Par exemple, un groupe de sociétés dans la région d’Avignon dispose désormais d’une vision temps réel de son endettement consolidé, et peut aussi anticiper sur ses prochaines fenêtres d’emprunts bancaires. Pour ce même client, des connections développées avec l’éditeur du logiciel de caisse de ses magasins ont permis de récupérer des données aussi précieuses que le panier moyen par boutique ou les chiffres de vente par produits. Ce reporting est adapté aux différents décisionnaires du groupe et des points de vente.

 

Pouvoir se concentrer sur l’analyse et la recommandation 

Cédric Ribeiro en convient, tout cela pouvait se faire manuellement auparavant, mais à quel prix et pour quelle énergie dépensée sur la collecte d’informations ! Désormais libérés de ces tâches à faible valeur ajoutée, les collaborateurs du cabinet peuvent se focaliser sur des informations pertinentes, par exemple pour comprendre pourquoi un produit se vend bien dans un magasin et pas dans un autre.

Autre client, autre exemple : une entreprise de transports, à qui l’analyse détaillée des factures permet aujourd’hui de vérifier la rentabilité de ses chargements, et même de ses camions. Un éclairage qui compte en ces temps de crise énergétique et d’envolée des prix des carburants !

Le choix de travailler avec un intégrateur, partenaire technique ou data, a semblé évident à l’expert-comptable pour tirer le meilleur de la puissance des outils disponibles et vendre des services à plus forte valeur ajoutée. « Notre métier et notre objectif, c’est de d’optimiser la data et son traitement, et de faire en sorte de la valoriser pour que les décisions soient faciles à prendre, grâce à des refreshs réguliers, mais aussi en travaillant sur le confort de l’utilisateur et la facilité de prise en mains de l’outil », explique Mélanie Lemoine, directrice associée de Bicome Consulting.

 

 

[Webinar] L’usage de la data par les cabinets, c’est maintenant et ça marche !

Votre cabinet est-il mûr pour la data ? A quel stade en êtes-vous ? Que voulez-vous proposer à vos clients ? De quelles datas avez-vous besoin ?

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La data, le carburant pour passer d’une culture comptable à une culture gestion

Mélanie Lemoine rappelle que la gamme d’outils Power Platform (avec Power BI, Power Automate, Power Apps et même Power Virtual Agent pour créer des chatbots) permet une première appropriation simple, avec des possibilités de programmation en low code pour faire l’expérience du potentiel des datas, avant de décider de se faire accompagner par un spécialiste extérieur. Mais plus que l’outil, c’est bien le niveau d’acceptation de cette révolution par les collaborateurs et les clients qui fera le succès de la démarche. « Pour des clients TPE, un reporting bien paramétré à partir de données issues de l’outil métier Cegid suffira souvent. Mais nous intervenons aussi sur des reportings plus riches, permettant des comparatifs, des prévisionnels, et une data-visualisation bien plus parlante ».

Cedric Ribeiro rappelle la nécessité de développer dans le cabinet une culture plus inspirée par le contrôle de gestion que par la compta réglementaire. « Il faut accepter d’y passer du temps, ne pas en attendre de ROI immédiat ». Deux ans lui paraissent un bon timing, ne serait-ce que pour se laisser le temps de creuser plusieurs idées, d’aborder plusieurs projets.

Mais la démarche ouvre tellement de nouvelles portes ! « La valeur ajoutée apportée aux clients n’a pas de limites. Il suffit d’oser pousser l’usage des outils à leur maximum ». Par exemple, en utilisant les capacités d’extraction automatisée de Conciliator sur les factures d’une chaîne de magasins et en combinant les informations récupérées avec des datas externes portant sur la zone de chalandise, il lui a été possible d’anticiper la saturation de son marché local.

 

 

[Webinar] Comment mieux exploiter les données avec Cegid ?

Ce webinar passionnera tous les experts-comptables qui veulent accompagner leurs clients au quotidien !

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Finalement, les seules limites dans l’exploitation et la valorisation de la data semblent résider dans la résistance au changement – chez les clients et/ou les collaborateurs… ou dans le manque d’imagination ! Une fois tombées ces deux barrières – réelles mais largement explicables côté cabinet par le manque de temps tant que la tenue comptable n’est pas largement automatisée, les solutions techniques pour l’extraction, le transport, la comparaison, la visualisation, la comparaison ou encore la prévision sont déjà là.

Et vous, où en êtes-vous ?

 

 

Comment construire et valoriser son patrimoine de données ?

Enjeux, conditions d’exploitation de la donnée, prérequis techniques, les facteurs clés de succès… et les pièges à éviter.

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