Expertise Comptable
Comment les PDP généralistes menacent l’avenir des cabinets d’expertise comptable
Le 23 juin 2025
Modifié le 25 septembre 2025
Un nouveau cadre réglementaire aux effets systémiques
L’obligation de facturation électronique à partir de 2026 n’est pas une simple évolution technique. Elle redessine les circuits d’information entre les entreprises, l’administration fiscale et les tiers de confiance comme les experts-comptables. Chaque entreprise devra envoyer ses factures via une Plateforme de Dématérialisation Partenaire (PDP).
Ne pas choisir, c’est laisser les flux vous échapper
Les cabinets qui n’anticipent pas le choix de la PDP s’exposent à une désintermédiation progressive, à la perte de données et à une dégradation de leur rôle.
Une réforme aux multiples facettes
Pour rappel, la réforme introduit trois volets majeurs :
- E-invoicing : l’émission et la réception des factures au format électronique structuré entre entreprises assujetties à la TVA en France.
- E-reporting : la transmission périodique des données de transaction à l’administration fiscale pour les opérations non concernées par l’e-invoicing (B2C, international, etc.).
- Mise en conformité des outils : une adaptation des systèmes de facturation, comptabilité, et gestion commerciale, pour intégrer les flux dématérialisés dans des formats normés.
Les cabinets doivent maîtriser ce triptyque pour rester au centre du jeu, en garantissant la conformité et la fluidité des flux de leurs clients.
Une redéfinition des flux comptables
Avec la centralisation des échanges via des PDP, le risque est que les données ne transitent plus naturellement par les outils du cabinet. Si une entreprise choisit une PDP généraliste (banques, néo banques, éditeurs de logiciel de paiement,…) sans impliquer son cabinet, les factures peuvent être envoyées directement à l’administration fiscale sans passer par l’écosystème du cabinet.
L’expert-comptable devient alors un simple destinataire secondaire, recevant des informations déconnectées des circuits natifs de production. Cela implique une perte de visibilité en temps réel, une charge technique supplémentaire pour importer les données dans les logiciels de production, et une dépendance accrue à des formats ou interfaces extérieurs. À terme, cela peut nuire à la qualité de la révision, au respect des délais de clôture, et à la capacité du cabinet à détecter les anomalies ou à exercer son rôle de conseil.
Initiez dès maintenant une stratégie de plateforme partagée cabinet-client
PDP généralistes : la tentation du court terme
La plupart des entreprises ne perçoivent pas les enjeux techniques et stratégiques derrière le choix d’une PDP. Elles peuvent être attirées par des plateformes gratuites, promues par des banques ou éditeurs généralistes, sans évaluer les impacts sur l’organisation comptable.
Des offres séduisantes mais peu adaptées au métier
Certaines PDP généralistes proposent une interface simple, un archivage automatisé, voire une gratuité partielle. Mais ces outils sont rarement pensés pour les cabinets, ni pour l’intégration avec leurs logiciels métiers. Ils répondent à une logique utilisateur isolé, sans fonction multi-dossiers, ni synchronisation native avec des outils de production comptable.
Un risque de dispersion des flux
Lorsqu’une entreprise utilise une PDP externe au cabinet, les flux de factures s’éparpillent. Le cabinet doit alors consulter plusieurs portails, importer des fichiers sous différents formats, et assurer un suivi manuel des statuts de traitement. Cette fragmentation augmente le risque d’erreurs, d’oublis, et rend plus complexe la supervision des obligations fiscales et comptables.
Une perte progressive de valeur ajoutée
En devenant un prestataire « à la demande », le cabinet se voit cantonné à des tâches d’extraction, de nettoyage et d’intégration des données. Le temps consacré au conseil, à l’analyse ou à l’anticipation diminue. La perception de la valeur du cabinet baisse, les marges s’érodent, et la relation client se fragilise.
Une PDP spécialisée pour protéger la chaîne de valeur
Contrairement aux PDP généralistes, les plateformes développées pour les experts-comptables tiennent compte de la spécificité métier : normes de données, intégration comptable, suivi client, centralisation.
Intégration directe avec les logiciels de production>
La PDP développée par Cegid s’interconnecte nativement aux outils comptables de la gamme Cegid. Résultat, pas de ressaisie, une automatisation complète des imports et un traitement fluide des opérations. Cela permet aux collaborateurs du cabinet de se recentrer sur l’analyse et la supervision, plutôt que sur des tâches répétitives.
Lire aussi : ”Collaborateur en cabinet : comment la facture électronique va faire évoluer votre métier”
Sécurité juridique et conformité
Cegid propose une PDP immatriculée (sous réserve) par l’administration fiscale. Elle intègre des fonctionnalités de suivi des statuts, de conservation à valeur probante et de gestion des anomalies. Le cabinet dispose ainsi d’un environnement sécurisé, conforme, et aligné avec le calendrier réglementaire.
La seconde étape pour obtenir l’immatriculation définitive consistera en une vérification de la conformité technique aux exigences du cahier des charges (transmission de factures entre PDP, extraction des données, etc.). Elle est prévue à partir de la fin de l’année 2025.
PDP et annuaire national : les cabinets gardent la main
Dès cet été, les entreprises pourront être référencées dans l’annuaire de l’État afin de recevoir leurs factures électroniques via une PDP. Cette désignation devra faire l’objet d’un accord formalisé, transmis à l’administration.
La DGFiP a confirmé qu’un cabinet comptable pourra effectuer cette désignation pour le compte de ses clients, sous réserve d’un mandat signé.
Ce dispositif représente une avancée importante pour les cabinets, qui pourront donc ainsi piloter la gestion des flux de facturation.
En somme : s’équiper pour rester au cœur de la relation client
La réforme de la facturation électronique est l’occasion pour les cabinets de consolider leur rôle stratégique auprès de leurs clients. Encore faut-il anticiper les conséquences du choix d’une plateforme.
Le recours à une PDP généraliste peut sembler sans enjeu immédiat, mais il crée un effet cliquet qui consiste en une perte de maîtrise, dispersion des flux, fragilisation de l’offre de service. À l’inverse, une PDP spécialisée permet d’assurer la continuité des missions, de valoriser l’expertise du cabinet et de développer des services à forte valeur ajoutée.