Prévision et modélisation du cash, comment gagner en efficacité ?

Pour les membres du Think Tank Treasury Connect Lab, le consensus est clair : le périmètre doit être le plus large possible. Le pilotage des prévisions de trésorerie va au-delà du sujet unique de la maîtrise des liquidités. L’une des principales difficultés est l’organisation de l’équipe. Faut-il, par exemple, avoir recours à des spécialistes de la prévision de trésorerie ? La réponse dépend notamment de la taille de l’entreprise. Mais qui dit périmètre élargi, dit compétences plus diversifiées. Comment constituer une équipe performante, experte et capable de développer une vision transversale ?

« La prévision et modélisation du cash est un sujet d’entreprise qui ne concerne pas uniquement la trésorerie mais qui est transverse à d’autres métiers au sein de la finance – la comptabilité, la fiscalité et bien sûr le contrôle de gestion – mais également au-delà. Concernant le pilotage du Free Cash-Flow, nous nous appuyons sur la méthode dite « directe » – qui repose sur des indicateurs de trésorerie et permet d’obtenir de la visibilité sur la performance très tôt dans le mois – mais également sur la méthode « »indirecte », fondée sur des agrégats comptables. Les résultats de ces deux méthodes sont systématiquement réconciliés entre les équipes trésorerie, comptables et contrôle de gestion », témoigne Mathieu Meunier, SVP Financing & Group Treasurer chez Schneider Electric.

Intelligence Artificielle et trésorerie, les perspectives

L’IA est une technologie capable de fournir des solutions aux questionnements à un instant T. Sa véritable force est sa capacité à réconcilier la data et à la restructurer dans un cadre déstructuré, s’il existe des environnements hétérogènes. Les machines dialoguent entre elles, l’humain, quant à lui, prend ses décisions sur la base des informations qui lui sont communiquées. L’enjeu est désormais de savoir comment, demain, l’IA va pouvoir être totalement intégrée dans les usages au quotidien.

Les membres du Think Tank ont identifié les cas d’usages possible avec l’IA générative en matière de gestion de trésorerie : vérification de garanties bancaires, pré-analyse d’accords de lignes de crédit, envoi d’emails automatisés lorsqu’une filiale dépasse sa position de cash maximale, chatbot sur les procédures permettant d’ouvrir celles de trésorerie ou de groupe dans plusieurs pays ou encore des actions de lutte contre la fraude.

« Il s’agit désormais de déterminer quels gains de productivité et quels revenus pourront être réalisés au quotidien, sans faire exploser les coûts, car l’IA générative est plus coûteuse que l’IA traditionnelle sur le run. Le business case est essentiel pour déployer cette technologie. Les gains sont avérés dans certains secteurs : call centers (rédaction de script pour les agents), IT (génération et documentation du code), marketing (génération de contenus), … Pour les métiers du chiffre, les gains sont principalement attendus sur la synthèse, le reporting ou encore la traduction. Pour maximiser les effets de l’IA générative, cette dernière peut être combinée avec l’IA prédictive, pour les travaux quantitatifs », précise Romain Zilahi, Directeur associé chez McKinsey.

Communication bancaire : comment passer une nouvelle étape ?

L’enjeu de la multi-bancarisation est de trouver une solution efficace et résiliente. Peut-on utiliser le même canal pour traiter les flux importants (ex. acquisition) et pour payer les fournisseurs standards ? Pour les experts du Think Tank, il est possible d’utiliser le même canal mais en le paramétrant différemment, en ayant un TMS avec un backup. La connectivité intégrée au TMS étant la situation la plus fréquente.

Compte tenu des enjeux stratégiques liés aux flux de valeur importante pour la gestion de trésorerie et les financements, l’autre option est de prévoir deux connectivités et points d’entrée vis-à-vis des banques pour mieux maîtriser les risques, via un TMS et une payment factory.

Fraudes et cyberattaques : les trésoriers face aux risques majeurs

Les fraudes et attaques cyber font partie intégrante de la gestion des risques en entreprise. Ces risques sont présents dans tous les métiers de l’entreprise et leur gestion incombe souvent au risk managers. Comment les trésoriers peuvent-ils s’en saisir et réfléchir à une bonne gouvernance ? Concernant les bonnes pratiques, certaines fonctions liées à la trésorerie ont mis en place une cellule dédiée à la fraude ou une cellule compliance spécialisée treasury and process. Une personne dédiée au contrôle interne de la trésorerie peut aussi intervenir sur ces sujets. Quelle que soit l’organisation mise en place, la lutte contre la fraude nécessite un profil qui connaît la trésorerie et est passé par les équipes contrôles interne et audit groupe, qui soit capable de coordonner les équipes.

« Pour construire un dispositif anti-fraude solide, il faut mettre en place des vérifications systématiques avec un contrôle manuel en plus du contrôle automatisé, faire des contre-appels quand c’est nécessaire pour certaines sociétés, et automatiser autant que possible les systèmes d’information (ERP, outils RH, de trésorerie). Il est aussi conseillé de souscrire à une assurance fraude pour couvrir le risque résiduel », alerte Sandy Hasni, Responsable commerciale France chez SIS ID.

« Les professionnels de la finance font face à de nombreux défis : les évolutions réglementaires, la transformation technologique, l’instabilité économique. Avec le Think Tank Treasury Connect Lab, nous nous donnons pour objectif d’établir les standards qui assureront la croissance des entreprises », conclut Jean-Baptiste Auzou, Chief Product Officer de la Business Division Enterprise de Cegid.