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L’upskilling au service de la performance des cabinets et de la réussite des collaborateurs

20 mars 2023

4 min
L’accélération de l’automatisation change la donne dans les cabinets d’expertise-comptable. D’un côté : l’obsolescence de certains savoir-faire. De l’autre : la nécessité d’en acquérir de nouveaux, pour satisfaire aux nouvelles exigences des clients. Le monde du chiffre est-il bien armé pour répondre aux défis de l'upskilling ?

Dans un monde où tout s’accélère, gare au risque d’obsolescence des compétences ! L’heure de l’upskilling a sonné dans les cabinets. Entretien avec Frédéric Petitbon, sociologue et associé chez PwC, co-auteur de plusieurs ouvrages de référence dont « Upskilling, les 10 règles d’or des entreprises qui apprennent vite »[1].

 

Qu’est-ce que l’upskilling ? 

L’upskilling désigne la démarche globale d’une entreprise qui cherche à anticiper et à prévenir l’obsolescence des compétences par le développement d’un apprentissage en continu des individus, du collectif, et de l’organisation dans sa globalité. Alors que le concept de « formation » décrit une approche statique et descendante, l’upskilling porte et incarne une démarche ascendante, dynamique, partagée. Et aussi plus ambitieuse, car s’intéressant à un champ de compétences beaucoup plus large que la formation au sens traditionnel du mot.

 

La montée en gamme et le renouvellement des compétences : un enjeu collectif ?

Les entreprises en général – et les cabinets d’expertise-comptable en particulier – sont confrontées à la nécessité d’apprendre, non seulement de plus en plus vite, mais aussi à une échelle toujours plus large, via la multiplication des offres et des savoir-faire correspondants.

Les mutations accélérées du monde du travail ont un impact déterminant sur la mise à niveau et le réajustement permanent des compétences. Parmi les moteurs du changement :

  • La puissance de la technologie et la rapidité des progrès de l’automatisation et de l’IA,
  • Les nécessités du développement durable,
  • La lame de fond des nouvelles attentes sociétales vis-à-vis du monde de l’entreprise,
  • Et bien entendu les nouvelles manières de travailler, dont le collaboratif.

Chaque employé doit faire face à tous ces bouleversements, mais ceux-ci concernent aussi le collectif de travail ou l’équipe, et finalement l’organisation dans sa totalité. Se former individuellement ne constitue donc qu’un aspect de la problématique… et qu’une partie de la solution. En d’autres termes, la montée en gamme et le renouvellement des compétences s’impose de plus en plus comme un enjeu collectif, voire comme la construction d’un « bien commun ».

[1] Par Frédéric Petitbon, Julie Bastianutti, Michaël Montaner – Editions Dunod

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L’upskilling est-il une question importante, voire vitale ? 

Sans aucun doute. D’ailleurs, la prise de conscience est là. L’enquête annuelle de PwC sur les attentes et priorités des dirigeants du monde entier (« CEO Survey ») met bien en évidence le fait que la mise à niveau et l’actualisation des compétences des collaborateurs se situent au cœur des enjeux stratégiques des entreprises. Elles font aujourd’hui l’objet de toutes les attentions de leurs dirigeants, alors que ce n’était pas une vraie priorité il y a quelques années encore. Devenir et rester une « fast learning company » fait figure d’impératif, notamment pour fidéliser ses collaborateurs et éviter la fuite des talents.

 

Les experts-comptables sont-ils bien armés pour répondre aux défis de l’upskilling ?

J’en suis convaincu. L’upskilling met l’accent sur le collectif. Or, le monde du chiffre est par essence collectif, comme l’illustre toute mission d’audit, où l’on travaille en équipe. C’est par ailleurs un univers où la moyenne d’âge des collaborateurs est basse – environ 30 ans dans les Big Four, un peu plus ailleurs – et où le critère de séniorité ne joue plus autant qu’avant.

A une période où le recrutement est difficile et où le turn-over a tendance à s’accélérer, les attentes des jeunes exigent d’être prises en considération. Ils ne supportent plus d’être cantonnés dans des tâches répétitives et rébarbatives. Ils sont friands d’expériences professionnelles multiples. La hiérarchie n’a pas disparu… mais certains cadres classiques ont volé en éclat avec un mode de management désormais beaucoup plus participatif.

Lire aussi : Qu’est-ce que vieillir pour un expert-comptable ?

 

Ce qui est vrai dans les grands cabinets l’est-il dans les structures de plus petite taille ?

A leur échelle, oui, je le crois. A condition que les dirigeants jouent le jeu. C’est-à-dire qu’ils prennent au sérieux le parcours collaborateurs, et qu’ils nouent avec eux une sorte de contrat de confiance afin de leur permettre :

  • de changer de statut en devenant des interlocuteurs à part entière des clients,
  • de changer régulièrement de clients pour apprendre encore et toujours,
  • de se voir confier très vite de vraies responsabilités,
  • d’intervenir sur des dossiers variés avec une mobilité assumée au sein des équipes.

La réussite de l’upskilling passe aussi par une forme d’exemplarité des dirigeants : être à l’écoute, se remettre en cause, faire des feedbacks réguliers aux équipes, apprendre soi-même tout en encourageant l’apprentissage accéléré des collaborateurs … Bref, être véritablement attentif à la progression de chacun à partir d’une vision lucide et partagée des compétences à activer et / ou à actualiser, surtout lorsque certaines tâches (NDLR : par exemple la saisie, ou la déclaration de TVA), sont appelées à disparaître.

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Quelle qualité doit-on développer pour mener à bien le chantier de l’upskilling en cabinet ?

Savoir accueillir et gérer la diversité ! On n’apprend pas quand on se ressemble trop. Les Big ont trop longtemps fonctionné en mode « clones » avec des recrutements trop homogènes, de type grandes écoles de commerce ou d’ingénieurs. Quelle que soit la taille du cabinet, intégrer et faire évoluer des collaborateurs aux profils différents, et issus le cas échéant d’environnements professionnels très variés, constitue un pari gagnant.

L’upskilling va bien au-delà d’une simple question d’élévation du niveau de compétences techniques et de prévention de l’obsolescence « technicienne ». C’est en définitive et avant tout une culture, un art de gérer l’humain et de composer avec une grande variété de talents et d’expertises, de sensibilités et de fonctionnements de pensée. L’upskilling doit s’appuyer sur l’ouverture d’esprit, la curiosité, l’écoute, et je dirais presque une forme d’altruisme bien compris. Question d’intelligence collective au service de la performance de l’entreprise et de la réussite de chacun de ses acteurs !

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[1] Par Frédéric Petitbon, Julie Bastianutti, Michaël Montaner – Editions Dunod