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Expertise Comptable

Les nouveaux profils en cabinet

15 février 2024

6 min
La préoccupation numéro 1 des experts-comptables ? Le recrutement. Les professionnels expérimentés sont rares. La profession manque d’attractivité auprès des jeunes. Pourtant la transformation de la profession exige des compétences nouvelles !

Produire aujourd’hui, mais aussi assurer sa pérennité

D’ici à 2025, près de 30 000 postes seront à pourvoir dans les métiers de l’expertise comptable1, dont 13 000 créations d’emploi. Il manquerait aujourd’hui à la profession environ 10 000 collaborateurs chaque année. Mais les difficultés du recrutement ne doivent pas faire oublier l’essentiel : la répartition du travail entre les différentes tâches, tout comme celle entre les hommes et le robot, est en train d’évoluer en profondeur.

Le 3ème rapport du think-tank Les Moulins a concrétisé ce mouvement. Dans un cabinet qui conserverait un chiffre d’affaires global stable sur 5 ans, de 2020 à 2025 :

  • Le temps passé à la tenue et à l’établissement des comptes annuels aura baissé de 38%,
  • Celui passé à l’accompagnement en gestion et pilotage aura doublé (+100%)
  • Et le temps passé à l’accompagnement administratif « full services » aura augmenté de 167%2.

Un cabinet moyen consacre encore plus de 60% de son volume horaire à la tenue comptable3. Aujourd’hui, il souffre d’un cruel manque de bras, jusqu’à devoir refuser des clients. L’automatisation de la tenue et de la révision vont l’aider. Mais il doit aussi construire sa pérennité. Avec qui ? Lui faut-il de nouveaux profils ?

Les grands besoins à satisfaire

La seule façon de répondre à ces questions consiste à évaluer les besoins de ses clients, et à préciser sa recherche en connaissance de cause ensuite. Parmi les principales tendances :

 

Plus de conseil

Faut-il le rappeler ? Toutes les études montrent que le premier intérêt de disposer d’un expert-comptable en chair et en os est de pouvoir lui demander conseil en confiance. Les critères de sélection du cabinet sont d’ailleurs avant tout d’ordre relationnel, comme récemment rappelé par Xerfi : la qualité de la relation et des échanges est citée par 71% des clients, devant l’expertise du cabinet et sa compréhension de l’activité (46%).

Le besoin s’exprime aussi à travers le désir – et parfois la nécessité – de disposer d’une vision claire, instantanée et à jour de la situation actuelle et future de son entreprise. Et de savoir comment utiliser ce tableau de bord !

S’ajoutent, à cet accompagnement de la gestion, toutes les possibilités officiellement ouvertes par la loi PACTE : stratégie d’entreprise, opérations de croissance externe, le conseil RH (marque employeur, règlement intérieur, élections des IRP4RSE, etc. L’offre du cabinet devra s’adapter aux principales demandes de ses clients.

 

Une assistance administrative

La complexité réglementaire est génératrice de stress – et de temps perdu. L’arrivée de la facture électronique et de l’e-reporting ne vont pas la soulager – ou du moins pas tout de suite. Et tous les dirigeants de TPE ne peuvent pas salarier un administratif à plein temps. Les services externalisés sont appelés à se développer.

 

Des compétences data

70% des entreprises déclarent manquer des ressources nécessaires pour analyser leurs propres données5. A qui s’adresseront les TPE et les PME ? A leur expert-comptable.

 

L’animation des projets

Le besoin d’animation des projets s’avère autant interne qu’externe, dans une période de fortes transformations. « Faute de chef de projet, nous avons perdu du temps », avoue par exemple Nathalie Dupont, expert-comptable en Seine Maritime. Chaque projet a besoin d’un animateur, qui pourra aussi se doubler d’un formateur. Y compris auprès des clients, vis-à-vis de leurs échanges avec le cabinet.

Les nouveaux profils de collaborateurs en cabinet

De nouveaux profils se détachent actuellement ; ils sont pratiquement tous liés à des compétences propres à la gestion.

 

Le conseiller en gestion

Le think-tank Les Moulins le décrit comme un « copilote du quotidien qui associerait qualité d’écoute, initiative et pédagogie ». Sa mission : accompagner le dirigeant d’entreprise dans toutes les dimensions de la gestion et du pilotage de son entreprise (budgets, marges de production, rentabilité, prévisions d’atterrissage, BFR, compte client, etc.)

Selon Camille Pasnik, manager à Strasbourg de Hays audit et expertise-comptable, « les cabinets recherchent de plus en plus des candidats capables de faire le métier de base, mais aussi de conseiller et accompagner le client ». Car s’il ne veut pas devoir travailler encore plus qu’avant, l’expert-comptable a tout intérêt à s’entourer de professionnels à qui il pourra déléguer sa confiance. Or « on ne peut pas faire évoluer facilement un comptable vers l’expertise en gestion », souligne Christophe Legrenzi, PDG d’Acadys, qui a conduit différentes missions de transformation de la fonction finance et comptabilité.

La concurrence est forte pour recruter ce profil… à tel point que certains cabinets vont chasser hors du sérail, quitte à offrir ou financer la formation comptable complémentaire nécessaire. On trouve par exemple d’anciens cadres expérimentés de l’industrie ou le commerce, ou d’anciens dirigeants en manque d’activité, qui savent de quoi une entreprise est faite et comment parler à son patron. Dans les réseaux bancaires, dans les compagnies d’assurance, beaucoup de professionnels bien formés aux chiffres des entreprises ou à la gestion de patrimoine, et rompus à la relation client, peuvent se retrouver disponibles pour un nouveau challenge.

 

L’assistant administratif

IA ou pas, le cabinet Dupont ne veut pas perdre ses collaborateurs fiables, fidèles et rares. Les collaborateurs de saisie vont y devenir des assistants administratifs. Pour le compte des clients, ils vont réaliser :

  • Le Secrétariat (collecte, classement, réponse, suivi…),
  • La gestion des achats (commandes, achats relations fournisseurs…),
  • La facturation (devis, facturation, envoi, suivi),
  • Les relances clients,
  • La formation informatique,
  • Les domiciliations

« Certains de nos clients ne sont pas prêts à produire eux-mêmes leurs factures électroniques normalisées ? Nous pouvons le faire pour eux. Le règlement des fournisseurs, les virements de salaires ? Nous pouvons le faire pour eux. Le tout réalisé par du personnel qualifié et encadré : le nôtre », résume Nathalie Dupont, du cabinet Dupont.

Lire le témoignage du cabinet Dupont

 

L’expert conseil

Certaines missions réclament des capacités particulières : gestion de patrimoine, Fusacq, transmission, systèmes d’information, conseil RH, sécurité… La nécessité de disposer d’un expert dans le cabinet dépend des besoins d’aujourd’hui, mais aussi du potentiel et de la capacité contributive de la clientèle.

 

Le juriste en cabinet comptable

Le cabinet Afitec a fêté ses 20 ans en 2022. Il compte 30 collaborateurs à Levallois-Perret, dont deux juristes. Le cabinet Ozeon a ouvert en 2022 à Orléans : il compte un juriste parmi ses 5 collaborateurs. Deux exemples parmi beaucoup d’autres. Chez les plus grands, cela peut aller plus loin : « Pour développer notre activité de recouvrement de créances, nous avons fait le choix de renforcer notre équipe en recrutant des avocats spécialisés en contentieux, et nous préparons l’arrivée d’huissiers », illustre Jean-Loup Rogé, président d’Implid (ex-Segeco)6.

 

La relation clients : CSM, onboarder ou welcomer

Quel que soit le nom que l’on donne à son responsable7, le onboarding constitue un moment clé dans la relation entre le cabinet et son nouveau client. Ce dernier va devoir maîtriser la transmission, la communication, l’accès aux ressources humaines, logicielles et documentaires. Pour mettre en place un collaboratif pérenne, certains cabinets constituent une cellule spécialisée, qui accompagne le client au cours des premiers mois, comme chez Afitec.

 

Le spécialiste Data

On voit apparaître de nouvelles fiches de postes dans les plus grands cabinets : BIM (Business intelligence manager), Chief data officer (CDO), Data analyst, Data controller, Data scientist ; sans oublier le DPO (data protection officer) et d’autres encore…

Pour un cabinet de petite taille, c’est une autre histoire ! Comment attirer et, peut-être plus encore, retenir un « data-geek » à plein temps dans un cabinet comptable ? C’est le plus souvent l’un des associés qui prend ce rôle, quitte à suivre les formations à l’usage de la data. Le référent digital sera évidemment impliqué.

Lire aussi : La data, une réalité qui s’impose dans les cabinets

 

Le référent digital

Le référent digital accompagne le déploiement des technologies au sein du cabinet. Sa mission est d’abord technique – connaître et maîtriser les différents outils – et humaine ensuite : à lui (ou elle) de porter leur implantation et leur utilisation par les autres collaborateurs du cabinet. A lui également la veille, les tests, la présélection, la formation et le suivi des utilisateurs, la diffusion des bonnes pratiques, le lien avec les éditeurs, et l’organisation de la lutte contre la cybercriminalité.

 

Le responsable marketing et communication

La concurrence est totale au niveau du recrutement, et la construction ou le développement d’une marque employeur n’a jamais été aussi importante pour un cabinet comptable, quelle que soit sa taille. Il faut se rendre visible, trouver des occasions de prise de parole, organiser des rencontres, aller là où vont les candidats, prendre des initiatives… et veiller à la cohérence et à la régularité des efforts.

Ici les compétences techniques comptables importent peu, mais l’ouverture d’esprit – comprendre les clients, écouter ses collègues – est clé !

Les nouveaux besoins peuvent nécessiter de nouveaux profils. Mais il s’agit tout autant de compétences à trouver que de nouvelles manières de travailler, concluait le rapport Les Moulins. Le projet d’un cabinet passe par une nouvelle distribution des tâches entre les humains et les robots, avec des compétences partagées et des spécialités opérationnelles. Un New Deal qui ne sera pas identique pour tous, mais qui concerne les cabinets de toutes les tailles, en fonction de leurs réalités et de leurs clientèles.

Lire aussi : Faire le point sur les ressources de son cabinet

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1 Observatoire des métiers de l’expertise comptable, du commissariat aux comptes et de l’audit (Omeca), 2022
2 Quels métiers demain dans les cabinets ?
3 Les Actes du 78ème congrès, CNOEC, 2023 – enquête OpinionWay
4 Instances représentatives du personnel
5 Data Security Confidence Index, 5ème édition
6 https://www.optionfinance.fr/carrieres/les-cabinets-dexpertise-comptable-en-quete-de-nouveaux-profils.html
7 CSM : Customer Success Manager