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Quels métiers demain dans les cabinets ? Retour sur le rapport Les Moulins 2020

1 février 2021

5 min
Publié entre deux confinements, le 3ème rapport des Moulins n’a pas eu la couverture médiatique qu’il méritait. Il présente pourtant des enseignements pleins d’intérêt sur l’avenir des métiers en cabinet d’expertise-comptable. Retour sur ses objectifs, sa méthode et ses conclusions avec Ludovic Melot, co-fondateur et animateur du think-tank.

Initié par le cabinet b-ready, société de conseil et d’accompagnement dédiée à la profession comptable, le think-tank Les Moulins se consacre à la compréhension de l’écosystème des cabinets et à ses bouleversements en cours. Ouvert à tous les acteurs de la profession : libéraux et associatifs, grands et petits, en régions et à Paris, le think-tank a publié ces dernières années trois volumineux rapports qui se suivent logiquement :

  • 2015 : Uberisation ou pas ? Une première étude née de la volonté d’y voir plus clair sur ce concept d’ubérisation et sur les menaces réelles ou supposées qu’il représente pour la profession comptable.
  • 2017 : Quelles missions demain ? A l’ère de la production automatisée, l’objectif de cette seconde vague était d’aider les experts-comptables à découvrir, explorer et conquérir de nouveaux territoires.
  • 2020 : Quels métiers demain ? Les impacts de la digitalisation sur les missions, les métiers et les compétences requises.

Quel est l’objectif de ce troisième rapport Les Moulins ?

« La transformation numérique d’un cabinet comptable constitue un chantier RH et managérial. Dans ce troisième rapport, Les Moulins ont voulu recenser les missions des cabinets dans un très proche avenir, les compétences qu’elles vont nécessiter, et celles dont ils disposent déjà – qu’elles soient utilisées ou pas. Nous avons voulu dessiner le chemin à parcourir », résume Ludovic Melot, consultant, co-fondateur et animateur du think-tank.

Car dans une profession en pleine automatisation, en train de réinventer sa finalité et ses process, deux questions se posent à tous les dirigeants de cabinets :

  • Qui va produire les fameuses « nouvelles missions » ?
  • Que vont devenir mes collaborateurs actuels ?

Lancée aux Universités d’été 2020 de Paris, avec la participation exceptionnelle de Laurent Benoudiz et de Charles René Tandé, l’étude a été financée conjointement par le Conseil supérieur de l’ordre des experts-comptables et le conseil régional de l’ordre des experts-comptables de Paris.

Quelle méthode avez-vous suivie pour construire ce rapport ?

« Nous avons d’abord compilé tout ce qui avait été dit et fait dans la profession. Nous avons ensuite recherché des analogies avec d’autres métiers qui connaissent des problématiques comparables. Nous avons également travaillé avec un groupe d’une trentaine d’experts-comptables actifs dans la réflexion sur la transformation digitale, auxquels se sont ajoutés des grands témoins issus du monde universitaire et des nouvelles technologies.

Dans le même temps, nous avons procédé à une enquête terrain. Nous avons recueilli plus de 700 questionnaires remplis par des experts-comptables, peut-être une preuve que nous posions les bonnes questions ! Les données recueillies intègrent des critères spécifiques, comme la répartition de leur chiffre d’affaires, la segmentation de leur clientèle, le temps passé sur les différentes tâches, ou encore l’anticipation et la composition de leur activité à venir ».

Qu’est-ce qui va vraiment changer pour les cabinets dans les 5 ans à venir ?

 

Impact de l’automatisation sur la production des cabinets – Les Moulins 2020

 

« Les conséquences de l’automatisation d’une partie des activités de la profession comptable sur l’emploi seront plus qualitatives que quantitatives, résume Ludovic Melot, qui poursuit : Dans notre deuxième rapport, nous nous interrogions en ces termes : une fois que la production comptable sera automatisée, devenue une simple commodité, comment remplacera-t-on le business perdu ? Nous avons passé en revue les nouvelles sources de revenu, le conseil et les nouvelles missions que les clients accepteraient de payer, et que les cabinets seraient en mesure de produire ».

De nouvelles missions, c’est très bien, mais qui pour les conduire ? Notre conclusion en 2020, c’est que la transformation numérique et l’IA n’entraîneront pas de casse sociale si on arrive à faire évoluer les compétences, et si l’on accompagne correctement ce changement.

La répartition du travail entre les différentes tâches – et celle entre les hommes et la machine, dans le cas de l’IA – est en train d’évoluer en profondeur, nous montre l’étude. Ainsi par exemple, dans un cabinet qui conserverait un chiffre d’affaires global stable sur 5 ans, le temps passé à la tenue et à l’établissement des comptes annuels va baisser de 38%, tandis que l’accompagnement en gestion et pilotage fera plus que doubler, d’après les experts-comptables interrogés.

 

Impact de l’automatisation sur les effectifs sur 5 ans, à CA constant – Les Moulins 2020

Demain les collaborateurs, désengagés du suivi et de la saisie, seront sous-occupés. A la place, ils devront prendre en charge des missions à haute utilité ajoutée pour le chef d’entreprise, être davantage orientés gestion, exploitation, pilotage. Ce qui signifie un grand effort de formation, et quelquefois un vrai changement de paradigme. Aujourd’hui on compte environ 140,000 collaborateurs en cabinet : c’est dire l’ampleur du chantier ! »

Quels sont alors ces nouveaux métiers pour remplacer les métiers traditionnels appelés à disparaître ?

« Pour répondre à cette question de manière opérationnelle, il faut faire le distinguo entre les tâches et le métier. Une tâche, c’est une action à réaliser : collecter les pièces, les saisir en compta, établir les bulletins de paie ou écrire un PV d’AG – nous en avons présenté une nomenclature. On peut décrire un poste par un ensemble de tâches, tandis qu’un métier répond à une finalité plus globale.

Dans un cabinet-type, soit 8 personnes en France aujourd’hui, il y a des collaborateurs mono-tâche et d’autres qui sont multitâches. Car quelqu’un peut parfaitement consacrer 20% de son temps en tenue, 30% en révision, 10% en communication, etc. Je pense que cette dernière caractéristique va se développer, et qu’en conséquence la situation sera très différente d’un cabinet à l’autre. Aujourd’hui un chef de mission fait à peu près la même chose où qu’il travaille. Demain, 2 chefs de mission pourront avoir des profils de postes très différents, en fonction du cabinet et du positionnement que ce dernier aura choisi. Il y aura donc moins de nouveaux métiers que de nouvelles manières de travailler ; le projet du cabinet passe par cette nouvelle distribution des tâches.

« Beaucoup d’experts-comptables sous-estiment encore les effets de l’automatisation sur leur activité. Pour ne pas subir la révolution numérique, il faut anticiper ses conséquences sur la gestion des compétences. Les cabinets ont besoin de programmes récurrents d’accompagnement et de formation, pour une adaptation permanente à ces nouvelles conditions de marché. C’est le sens des cursus pour les collaborateurs et leurs cadres qui ont été mis en place par l’OEC de Paris-Ile de France.

Comment passer des compétences d’aujourd’hui aux compétences de demain ? Voilà certainement un des principaux défis de la profession pour les prochaines années…

Téléchargez le rapport Les Moulins 2020

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L’IA au service des cabinets d’expertise-comptable

  • Comment utiliser ce potentiel ?
  • Quelles sont ses conséquences pratiques ?
  • Par où commencer ?
  • Comment gérer la transformation ?

Autant de questions auxquelles nous avons souhaité apporter notre éclairage et celui de cabinets déjà passés à l’IA.

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