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Moyens de paiements : état des lieux, tendances et mode d’emploi

26 avril 2022

8 min
Beaucoup de tendances apparaissent sur le marché (open banking, néo-banques, cartes prépayées, cartes virtuelles, etc.) Peuvent-elles interagir au niveau corporate ? Le secteur privé est-il le seul concerné ? Les entreprises de taille intermédiaire ont-elles un rôle à jouer dans le déploiement et l’adoption de nouveaux usages ?

Autant de sujets abordés lors du Cegid Notilus Day 2021 par Gilles Bobichon, directeur de Cegid Notilus, accompagné de Christian Petit, CTO Cegid Notilus en charge des équipes de développement dans le cadre d’un échange expert avec Cédric Cagna, Senior Manager chez Ernst & Young Consulting.

« La gestion du pilotage des cartes offre de belles perspectives d’avenir aux entreprises. Cédric Cagna, EY Consulting. »

 

 

Quels types de cartes utilisent les entreprises ?

Même si une entreprise a choisi d’utiliser une carte, elle ne l’étend pas forcément à l’ensemble des personnes susceptibles d’engager des frais, mais plutôt à les allouer à des collaborateurs récurrents dans leurs dépenses, le but étant de leur simplifier la vie du point de vue administratif.

3 types de cartes « corporate » sont actuellement en vigueur :

  • Les cartes « corporate » sont essentiellement des cartes libellées au nom de l’entreprise qui sont données en usage à des collaborateurs afin que ces derniers puissent engager des dépenses débitées sur le compte de l’entreprise. Ce système présent dans beaucoup de pays ne s’est développé dans l’hexagone qu’avec le débit différé du compte personnel. L’essor, au niveau de l’entreprise, s’est fait quand elle a alloué une carte permettant au collaborateur d’engager des dépenses prélevées avec un différé de prélèvement, pour qu’il puisse ensuite faire sa note de frais et que celle-ci puisse être remboursée en temps et en heure, si possible avant que le prélèvement ne s’opère, le but étant que le collaborateur n’ait pas à avancer d’argent.
  • Le principe des cartes dites « logées » est d’assurer les paiements et de financer des dépenses en grande partie auprès des agences de voyages. Cela permet de simplifier les échanges de flux avec ces dernières et de remonter non pas des factures, mais des fonds d’actions liés aux paiements à travers ces cartes. Amex BTA et AirPlus sont les deux grands acteurs en France.
  • Enfin, les cartes Achats, assez peu déployées au niveau des entreprises du secteur privé, permettent dans le secteur public, de déléguer les paiements pour des achats récurrents ou de faible montants de biens et de services auprès de fournisseurs référencés, en débit sur le compte de l’établissement.

 

30 à 35 % des clients Cegid Notilus utilisent une carte « Affaires »

Gilles Bobichon explique que 400 clients Cegid Notilus utilisent 78 000 cartes Affaires, soit 30 à 35 % des clients.

« On retrouve une pluralité de types d’échanges, puisque 52 formats différents ont été répertoriés. Pour 25 %, nous intégrons celui de la BNP, 16 % celui de la Société Générale, 8 % pour la CIC, 7,5 % pour HSBC, etc. Nous sommes en capacité d’intégrer des flux en provenance de banques françaises, mais aussi étrangères. […] Les trois-quarts (76 %) sont des cartes à débit personnel, le reste étant sur le compte de la société. En comparaison, sur le marché global des paiements, le paiement par carte représente environ une transaction sur deux (56 %) en France, où circulent 80 millions de cartes en débit ou crédit. Une montée en puissance est en train de se faire à travers la digitalisation de ces cartes. Elles sont de plus en plus concurrencées par le paiement par smartphone qui connaît une montée en puissance ces dernières années. »

 

Les « fintechs », grandes gagnantes de la digitalisation des processus financiers

Cédric Cagna estime qu’une révolution des paiements est en cours, drivée par différents facteurs. Le plus évident est notamment la volonté des pouvoirs publics de voir circuler moins de moyens de paiement coûteux à traiter (espèces et chèques), qui sont des sujets potentiels de fraude lorsque les échanges ne sont pas traçables.

Par ailleurs, les transactions de paiements sont de plus en plus nombreuses. Elles sont portées par la consommation, mais aussi par le commerce en ligne qui a connu un formidable essor pendant la Covid, même s’il connaissait déjà une croissance à deux chiffres depuis quelques années en France. Les revenus générés grâce aux activités de processing des paiements au niveau mondial représenteront en 2025 un chiffre d’affaires de 500 milliards de dollars. De nouveaux acteurs, les « fintechs », se sont positionnés sur ce marché en tirant parti des évolutions technologiques facilitant la digitalisation des moyens de paiement. Cela leur permet de proposer des services toujours plus innovants aux utilisateurs.

 

L’importance de la réglementation

La réglementation européenne a fortement évolué. Ainsi, les banques n’ont plus le monopole des échanges financiers ni des moyens de paiements. La DSP, la Directive sur les Services de Paiement, a facilité le développement d’un modèle où des acteurs qui ne sont pas des banques peuvent proposer, sous réserve d’accréditation, des services autour des paiements aux clients des banques.

La première directive visait à encadrer le métier des acteurs et processeurs du paiement en Europe. Il s’agissait de donner l’autorisation à certains acteurs d’émettre des moyens de paiement et de processer des flux de paiements, une activité qui restait alors le domaine gardé des banques.

La 2ème directive – entrée en vigueur en 2015 – légifère sur l’obligation qu’ont les banques d’ouvrir le système. Des agrégateurs de comptes tels que Bankin et Linxo permettent de réunir des comptes au sein d’une même application, évitant ainsi de multiplier les navigations. L’utilisateur dispose désormais de la vision globale de ses comptes et de ses transactions. Ces systèmes s’appuient sur des échanges techniques basés sur des API que les banques ont obligation de mettre en œuvre pour ouvrir leur système à ces différents acteurs.

Le milieu bancaire est donc en train de vivre le même type d’ouverture économique que celui vécu par télécoms et l’électricité. Ce sera probablement le tour des transports ferroviaires. Cette fin des monopoles des acteurs historiques devrait favoriser l’innovation et la baisse des coûts pour l’usager final.

 

Nouvelles méthodes digitales, nouveaux acteurs

De nouveaux acteurs tels que la Fnac ou les hôtels Accor proposent à leurs clients des cartes avec des programmes de fidélité associés pour favoriser les achats dans leurs enseignes. Apple Pay ou Google Pay proposent aussi de nouveaux moyens de paiements à leurs utilisateurs. De nouveaux usages sont donc renforcés par l’émergence de multiples services à valeur ajoutée. « On est passé d’un modèle classique (carte-chèque-virement) à une offre beaucoup plus étoffée pour les utilisateurs » pour Cédric Cagna.

 

Les technologies sont aussi liées aux smartphones

Pour ce dernier :

« Apple a créé une rupture en 2006 avec le premier iPhone. On a découvert le concept d’applications dédiées à une fonctionnalité, et on a progressivement accepté le fait de mettre dans son téléphone une grande partie de ses activités quotidiennes, dont sa banque en ligne ».

Le nombre d’acteurs croît et des sommes colossales sont échangées. Mais les paiements via smartphones ne représentent encore que 10 % des pratiques. Le développement de cette pratique implique une confiance envers la carte à puce, confiance qui doit être portée par toutes les parties prenantes de l’écosystème et les réglementations associées. Si le « sans contact » est devenu aujourd’hui un geste presque évident, le système existe en fait depuis près de dix ans et les détracteurs étaient bien plus nombreux qu’aujourd’hui. Il en va de même pour le paiement via smartphone. Le parc installé des terminaux de paiements n’est pas totalement compatible avec le mode de paiement par téléphone et la population n’est pas non plus équipée de modèles dernier cri.

 

Comment les entreprises peuvent-elles embrasser la virtualité ?

Les innovations technologiques concernent tout le monde. La gestion du pilotage des cartes offre de belles perspectives d’avenir aux entreprises. Aujourd’hui, le modèle en vigueur reste assez classique : un contrat est signé avec une banque et on reste sur une carte avec des débits sur le compte utilisateur, sans gestion en temps réel.

Or, le champ des possibilités est très large estime Cédric Cagna :

« Un système de reporting pourrait permettre de valider des notes de frais plus ou moins intégrées dans les systèmes financiers internes. Un gestionnaire de cartes pourrait piloter une flotte de cartes, en activer ou désactiver certaines, choisir les types de dépenses autorisés pour quels commerçants, bouger les plafonds à la demande, contrôler les dépenses en temps réel et, pourquoi pas, les approuver et les valider. »

Les cartes virtuelles peuvent être réservées à certains usages, avec des plafonds spécifiques, et permettre le paiement en ligne dans certains cas. L’émission d’une carte plastique devant répondre à une urgence – qui met généralement 2 à 3 jours avant d’arriver après fabrication – générer une carte activable immédiatement via un smartphone compatible pour que le collaborateur puisse rapidement effectuer un paiement.

 

Qu’est-ce qui attend les entreprises de taille intermédiaire ?

Virtualisation des cartes de paiement, dématérialisation de cartes dans des wallets, etc. les nouvelles offres citées précédemment sont susceptibles de répondre à des points de douleur des entreprises, comme le fait de permettre un contrôle plus flexible en temps réel et offrir une meilleure visibilité via du reporting. Pour Cédric Cagna : « L’offre actuelle ou à venir permettra soit de créer de nouveaux usages dont il sera difficile de se passer, soit d’améliorer les usages actuels. L’offre de paiement est désormais assez mature – on le voit sur le paiement mobile – il s’agit maintenant de transformer les usages, en allant vers de la gestion du changement ».

Il conclut, optimiste :

« Sur la partie gestion des comptes et trésoreries, certaines innovations ont été produites par les banques, comme la virtualisation des Ibans. L’ouverture de la DSP 2 a permis de modifier les usages, notamment pour les entreprises ayant plusieurs comptes. Des fintechs se sont positionnées sur ces marchés et fonctionnent plutôt bien. Il n’y a pas de raison qu’on n’arrive pas à la même situation sur le marché des cartes corporate et commerciales ».

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