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Loi de finances 2024 : ce qui change pour vous et votre TPE

15 février 2024

Loi de finances 2024
8 min
La loi de finances 2024 vient d’être publiée. Comme chaque année, ce texte de fin d’année définit les règles fiscales qui vont s’appliquer à votre imposition personnelle, mais aussi à celle de votre entreprise.
Afin de vous aider à y voir plus clair voici la synthèse des mesures qui vous concernent directement en tant que dirigeant de TPE.

Loi de finances 2024 et contrôles fiscaux : plus de pouvoirs pour l’administration

L’administration vous surveille ?

Dans le détail de la loi de finances 2024, plusieurs mesures viennent accroître les pouvoirs de l’administration. Tout d’abord les agents des impôts peuvent désormais mener des enquêtes sous pseudonyme sur des sites internet, sur les réseaux sociaux ou via des applications de messagerie.

Le fait d’utiliser une plateforme avec un accès limité n’est pas un obstacle, puisque les agents peuvent utiliser les informations publiées sur des sites qui nécessitent une inscription à un compte. Dans certains cas, les agents habilités pourraient en outre participer à des échanges électroniques, y compris avec les personnes susceptibles d’être les auteurs des manquements recherchés. Une limite toutefois : ils ne doivent pas inciter leur interlocuteur à commettre un manquement.

Des nouvelles modalités de contrôle fiscal

Autre mesure, liée cette fois aux modalités du contrôle fiscal. Actuellement, le contrôle fiscal se déroule en principe dans les locaux de l’entreprise. Seul le dirigeant peut demander à ce qu’il ait lieu dans d’autres locaux où se trouve la comptabilité.

Désormais, l’entreprise et le vérificateur pourront décider d’un commun accord d’un autre lieu. Changement majeur, en cas de désaccord, l’administration peut désormais réaliser les contrôles dans ses propres locaux !

Vous êtes concernés si… vous avez une entreprise, tout simplement !

Le résumé en une phrase : l’administration fiscale va pouvoir exploiter davantage d’informations collectées sur internet pour étayer ses contrôles et pourra même utiliser des pseudonymes pour obtenir certaines informations.

Loi de finances 2024 et véhicules d’entreprise : les véhicules de tourisme sont taxés plus lourdement

  • Vous êtes concernés si… votre société détient des véhicules de tourisme.
  • Le résumé en une phrase : le barème des taxes dues au moment de l’acquisition et pendant la détention des véhicules de tourisme sont modifiés pour peser plus lourdement sur les véhicules les moins « verts », dont les hybrides.

Quelles nouvelles taxes pour les véhicules de tourisme ?

Actuellement, plusieurs taxes pèsent sur les véhicules de tourisme acquis à titre professionnel :

  • le malus CO2, au moment de l’acquisition ;
  • la taxe annuelle sur les émissions de CO2 et la taxe sur l’ancienneté des véhicules, chaque année pendant la durée de détention (ces deux axes remplacent l’ancienne « taxe sur les véhicules de sociétés », ou TVS).

Qu’est-ce qu’un véhicule de tourisme pour l’administration fiscale ?

Il s’agit des véhicules appartenant à la catégorie « N1 ». Cette liste doit être définie par décret, en fonction de leurs équipements.

Quels changements pour les véhicules de tourisme en 2024 ?

Les modifications suite à la loi de finances 2024 sont assez techniques, mais voici un résumé des principaux changements :

  • à compter de 2025, l’exonération dont bénéficiait les véhicules hybrides est supprimée. Ceux d’entre eux qui utilisent du superéthanol E85, notamment, bénéficient toutefois d’un abattement de 40% sur les émissions de CO2 ;
  • le malus CO2 est fortement alourdi, avec un seuil de déclenchement à 118 g de CO2 par kilomètre contre 123 g/km en 2023 ;
  • la taxe sur l’ancienneté des véhicules est remplacée par une taxe sur les émissions de polluants atmosphériques ;
  • le barème de la taxe annuelle sur les émissions de CO2 est alourdi, et rendu progressif (c’est-à-dire avec un taux qui augmente progressivement en fonction des émissions, par tranche) ;

Et plus concrètement ?

L’impact n’est pas neutre : d’après un article publié par les Éditions Francis Lefebvre, une Peugeot 3008 qui émet 145 g de CO2, le tarif passerait de 479€ en 2023 à 933€ en 2024, 1 183€ en 2025, 1 433€ en 2026 et 1 733€ en 2027 !

Loi des finance 2024 et facture électronique : le nouveau calendrier est fixé !

  • Vous êtes concernés si… votre entreprise est assujettie à la TVA.
  • Le résumé en une phrase : les TPE devront être en mesure de recevoir des factures électroniques dès le 1er septembre 2026, et d’en émettre à partir du 1er septembre 2027.

Quelles sont les nouvelles échéances ?

Cette réforme majeure va profondément transformer la manière dont les entreprises échangent leurs factures d’achat et de vente, et communiquent leurs informations de facturation à l’administration fiscale. Le calendrier de cette réforme a été modifié dans le courant de l’été, et la loi de finances 2024 vient préciser les nouvelles échéances, qui s’appliquent aux entreprises assujetties à TVA. Voici les dates qui vous concernent en tant que dirigeant de TPE :

  • 1er septembre 2026 : obligation de réception (vous devrez être en mesure de recevoir les factures électroniques émises par vos plus gros fournisseurs) ;
  • 1er septembre 2027 : obligation d’émission (il vous faudra alors émettre vos factures de vente dans un format spécifique et les transmettre via une plateforme).

Loi des finances 2024 : inflation et barème de l’impôt, quels changements

  • Vous êtes concernés si… votre entreprise est soumise à l’impôt sur le revenu, ou que vous en payez à titre personnel.
  • Le résumé en une phrase : à rémunération égale, vous paierez moins d’impôt en 2024 qu’en 2023.

Réévaluation du barème de l’impôt pour contrer l’inflation

L’inflation a frappé fort en 2022 et 2023. En tant que chef d’entreprise, vous avez peut-être répercuté une partie de la hausse des coûts sur vos prix de vente. À titre personnel, vous avez peut-être augmenté votre rémunération pour tenir compte de la hausse des dépenses de votre foyer. Or, si le barème de l’impôt sur le revenu n’était pas actualisé, cette augmentation de rémunération se traduirait mécaniquement par un impôt supplémentaire, alors qu’elle ne fait que compenser une augmentation des prix.

Pour éviter cet effet de l’inflation sur l’imposition des ménages, le gouvernement réactualise chaque année le barème de l’impôt sur le revenu en fonction de l’inflation. Cette année, cette réévaluation sera de 4,8%.

Et plus concrètement ?

Imaginons que vous gagniez 2 000€ / mois en 2022. En 2023, compte tenu de l’inflation, vous avez décidé d’augmenter votre rémunération de 4%, à 2 080€/mois. Comme cette augmentation est inférieure à la revalorisation du barème, vous ne paierez pas plus d’impôt sur l’année 2023 que sur l’année 2022 au titre de cette rémunération.

Loi des finance 2024 et industrie verte : vos dépenses remboursées jusqu’à 60%

  • Vous êtes concerné si… votre entreprise réalise des investissements pour produire des batteries, des panneaux solaires, des éoliennes ou des pompes à chaleur.
  • Le résumé en une phrase : les petites entreprises qui réalisent de tels investissements pourront bénéficier d’un crédit d’impôt de 40, 45 ou 60%, selon la zone géographique dans laquelle elles se trouvent.

Industrie verte : un nouveau crédit d’impôt pour encourager les entreprises à passer au vert

Le dispositif en détail : ce nouveau crédit d’impôt s’applique aux entreprises industrielles et commerciales, qui réalisent des investissements de production de batteries de panneaux solaires, d’éoliennes ou de pompes à chaleur.

Pour les petites entreprises, le crédit d’impôt est égal à 40% des dépenses d’investissement engagées en vue de la production ou de l’acquisition :

  • de bâtiments, installations, équipements, machines et terrains d’assise nécessaires au fonctionnement de ces équipements de production ;
  • de brevets, licences, savoir-faire ou autres droits de la propriété intellectuelle.

Afin de s’assurer de l’éligibilité du projet d’investissement, un agrément sera nécessaire, après avis de l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe).

Dans certaines zones, ce crédit d’impôt pourra être majoré, passant ainsi de 40 à 45, voire 60%. Les entreprises de taille plus importante bénéficient quant à elles de taux plus faibles.

Qu’est-ce qu’un crédit d’impôt ?

Un crédit d’impôt est un avantage fiscal imputé directement sur l’impôt que vous ou votre entreprise devez régler. Si votre entreprise doit normalement s’acquitter de 1 000€ d’impôt mais qu’elle peut bénéficier d’un crédit d’impôt de 400€, elle ne paiera que 1 000 – 400 = 600€ d’impôt. Si le montant du crédit d’impôt est supérieur au montant de l’impôt, l’excédent est directement remboursé par l’administration fiscale. Attention à ne pas confondre le crédit d’impôt avec la réduction d’impôt, qui elle ne peut pas être supérieure à l’impôt, et ne donne donc lieu à aucun remboursement en cas d’excédent.

Loi de finances 2024 : nouveaux seuils de franchise de TVA !

  • Vous êtes concernés si… vous êtes déjà en franchise de TVA, notamment si vous avez créé votre entreprise il y a peu de temps.
  • Le résumé en une phrase : les seuils de chiffre d’affaires vont être modifiés ; ils ne seront plus modifiés une fois tous les 3 ans comme c’était le cas jusqu’à maintenant.

Seuils de franchise de TVA : ce qui change pour vous

Afin d’harmoniser les seuils français aux seuils européens, le plafond de chiffre d’affaires qui permet de bénéficier de la franchise en base de TVA va être :

  • abaissé à 85 000€, contre 91 900€ actuellement, pour les activités de vente, vente à consommer sur place et fourniture de logement ;
  • relevé à 37 500€, contre 36 800€ actuellement, pour les prestations de services.

Sauf cas particulier, en cas de dépassement de ces seuils (sans dépasser de plus de 10%), la franchise continue de s’appliquer l’année en cours mais cesse de s’appliquer à compter de l’année suivante. Alors qu’actuellement il est possible, sous certaines conditions, de continuer à bénéficier de la franchise l’année d’après.

Enfin, ces seuils de la franchise en base de TVA, qui étaient actualisés automatiquement tous les 3 ans, sont désormais fixes.

Qu’est-ce que la franchise de TVA ?

La franchise de TVA est un dispositif de simplification permettant à certaines TPE de ne pas collecter de TVA sur leurs ventes, à condition de ne pas en déduire sur leurs achats. Pour en bénéficier, les entreprises ne doivent pas dépasser un certain seuil de chiffre d’affaires.

Pas d’annonce majeure cette année dans la loi de finances 2024, mais plusieurs mesures qui traduisent une double volonté du gouvernement : réduire le déficit public en augmentant les recettes fiscales, et continuer le « verdissement de l’économie » annoncé. D’autres mesures, qui concernent davantage les grands groupes, sont également contenues dans ce texte. Je retiens par exemple l’introduction en droit français des mesures relatives à l’impôt mondial minimum de 15% pour les groupes internationaux. Une mesure d’égalité fiscale bienvenue, quand on sait que le taux implicite d’impôt sur les bénéfices des TPE et PME est plus élevé que celui des grandes entreprises !