Il a fallu réinventer l’entreprise et renforcer les pratiques opérationnelles afin de s’adapter à la nouvelle conjoncture et aux nouvelles attentes des collaborateurs…
Les répercussions sur les organisations ne se sont pas fait attendre. La mobilité des entreprises a été affectée de manière rapide et violente. En quelques jours, le rayon d’action des professionnels en déplacement s’est considérablement réduit : du global au continental, de l’international au national, voire au régional. Les mobilités du quotidien et les micromobilités ont été les “grandes gagnantes” malgré elles… La prise de conscience environnementale ayant été concomitante à la fin de la crise sanitaire, le contexte conjoncturel s’est alors révélé être une occasion unique pour les entreprises de repenser leur stratégie de mobilité. Plus sûres, plus durables, plus économiques, plus responsables et davantage orientées vers l’usage que la possession, les mobilités subissent actuellement une (r)évolution majeure qui n’épargne aucune organisation.
Le constat est sans appel, les déplacements professionnels sont plus réfléchis et forcément rationalisés. C’est une des nombreuses facettes de la “quête de sens”, concept assurément post covidien. De ce mouvement de fond, sont nées de nouvelles organisations managériales. Les collaborateurs souhaitent alors se déplacer de manière plus efficiente afin de limiter les impacts sur leur vie privée (cf. notre livre blanc paru en 2022 “Le voyageur d’affaires sur la route de l’efficience”). Au-delà des quelques expériences de télétravail en France avant la crise Covid qui semblaient des exceptions, voire des légendes urbaines, l’hybridation du travail est réellement née ces derniers mois. Selon l’INSEE, en 2021, en moyenne chaque semaine, 22 % des salariés ont télétravaillé, soit un 1 salarié sur 5.
Une telle vision pouvait paraître avant-gardiste il y a quelques années, voire encore quelques mois. Aujourd’hui, c’est un des modes d’organisation de la nouvelle normalité que nous construisons pas à pas en matière de mobilité. Nous l’avons vu dans l’article précédent, les gestionnaires de la mobilité, n’ont pas attendu pour autant le Covid pour faire évoluer les organisations internes en la matière, motivées encore et toujours par l’efficience. Le mobility management, dont les contours étaient peu ou prou stabilisés en 2020, est appelé à encore se transformer notamment sous l’impulsion de nouvelles normes environnementales et fiscales.
Quelles sont les raisons pour lesquelles les entreprises ont décidé quasiment “du jour au lendemain” de changer leur modèle organisationnel ? Est-ce une volonté de leur part pour s’adapter aux changements de comportements des collaborateurs et de leur bien-être ? Est-ce, au contraire, un moyen pour elles de créer plus de profit ? Après tout, une organisation du travail performante est non seulement un gage d’adaptation à l’environnement économique, mais aussi un moyen de créer de nouveaux marchés et de s’imposer comme le leader sur son segment…. Ou bien, est-ce, en réalité, une façon pour les entreprises de répondre à leurs obligations légales en matière de mobilités et de développement durable ?
Concrètement, quelles devraient être les réponses stratégiques les plus appropriées en termes de mobility management dans un monde post-COVID ? Et posons la question sans tabou : est-ce par choix ou est-ce par obligation ? Éléments de réponse !
I/ Mobilités et environnements : entre injonction légale et quête de sens
Dans un contexte d’urbanisation toujours plus croissante, d’émergence de nouvelles mobilités qui révolutionnent le secteur et de problématique climatique, la politique des transports en France n’était plus adaptée à la réalité. Le Gouvernement a dû effectuer un travail de refonte et mettre en place une politique plus coercitive afin de lutter contre le dérèglement climatique et d’aider les collectivités territoriales mais aussi, les entreprises du secteur aussi bien public que privé dans leur transition écologique. Ces dernières années ont vu naître des obligations réglementaires de plus en plus restrictives au sujet des véhicules : Accord de Paris, Plan Climat, Loi de Transition Énergétique pour la Croissance Verte (LTECV)… Au total, ce sont plus d’une centaine de mesures mises en œuvre. La dernière loi phare en date, la loi d’orientation des mobilités (LOM), loi du 24 décembre 2019, qui vient compléter les mesures déjà prévues par la loi de transition énergétique, vise à fixer certaines obligations aux collectivités territoriales ainsi qu’aux entreprises gérants de grandes flottes de véhicules.