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Data et process : comment produire une masse de données comptables complexes dans un cadre toujours plus contraint ?

22 janvier 2019

10 min

Nous avons organisé, en partenariat avec l’Argus de l’Assurance, à l’Hôtel Le Marois dans le 8ème arrondissement, une Matinale IFRS : Comment faire de ces implémentations des opportunités de développement ?

 

Jean-Baptiste Auzou, Directeur BU Finance et Tax de Cegid et Patrice Kalfon, Associé à Ellis Alliance sont intervenus autour du sujet : Data et process : comment produire une masse de données comptables complexes dans un cadre toujours plus contraint ?

Découvrez -ou redécouvrez- leurs interventions lors de cet événement qui a rassemblé de nombreux experts et participants :
Michel BARBET MASSIN, Autorité des normes comptables, Véronique MATHAUD, Société Générale, Jean-Michel PINTON, European Financial Reporting Advisory Group, Jean-Baptiste AUZOU Directeur Général ACA, Patrice Kalfon Associé ELLIS ALLIANCE …

Data et process : comment produire une masse de données comptables complexes dans un cadre toujours plus contraint ?

Un volume de données à traiter de plus en plus dense

Jean-Baptiste Auzou :Cegid est spécialiste du traitement de la donnée dans le système d’information et notamment dans le système d’information de gestion. Nous intervenons depuis plus de 20 ans dans le traitement de la donnée financière et dans l’alimentation des back-office financiers des entreprises.
En 20 ans, l’évolution du travail autour de la donnée et notamment de la donnée de gestion qui est à l’origine de la donnée financière a été très importante. Sur l’ensemble de notre base installée et donc de nos clients, le volume de données généré et traité a été multiplié par 3 ces 5 dernières années !

Cette augmentation de volumétrie est poussée d’une part par le réglementaire. Et d’autre part, par l’utilisation de plus en plus forte des données de gestion par le métier, et par tous les métiers de l’entreprise.
Les cas d’usage autrefois limités à l’unique alimentation comptable se développent aujourd’hui à des fins d’auditabilité, de traçabilité, de retours vers les applications métiers. De plus, les opérationnels métiers utilisent la data directement à des fins de développement et de connaissance des clients.

Patrice Kalfon :En tant qu’expert-comptable, commissaire aux comptes et actuaire, j’ai pu voir les métiers financiers, comptables et actuariat s’imbriquer et se complexifier avec l’apparition des IFRS en 2015. Je l’ai mis alors en place chez AG2R La Mondiale en tant que Directeur comptable et actuariat Groupe. Mais aussi et surtout avec le développement des règles prudentielles solvabilité 2 , j’ai accompagné mes clients à partir de 2010 suite à la création de ma société de conseil ELLIS ALLIANCE.
Il s’agit pour les comptables de mieux comprendre les produits et les provisions pour parvenir à les classer et les traiter. Pour les techniciens financiers, de mieux comprendre les règles comptables pour apprécier les produits ayant un impact comptable adapté. Et enfin pour les actuaires, de comprendre les nouvelles règlementations.
A mes débuts professionnels, j’ai également développé le métier d’auditeur informatique chez Arthur Andersen et EY. Je sais combien les outils informatiques ont un rôle essentiel dans la production de l’information financière. Et combien la maîtrise de la donnée est clé dans la justesse de la publication des états financiers.
Enfin, avec Solvabilité 2, on a également transformé les comptables en actuaires avec la production des QRT et surtout du bilan prudentiel . On a chargé les actuaires de mieux comprendre les impôts différés à prendre en compte dans le SCR.
Ainsi, la quantité d’informations à produire n’a cessé d’augmenter alors que les délais de clôture n’ont pas changé – voire se sont raccourcis. L’automatisation, l’estimation des arrêtés sont maintenant devenues choses courantes dans les directions financières. Ceci, afin de respecter ces délais au risque d’avoir des résultats plus approximatifs.
Le triptyque données-délais-multi norme est devenu l’enjeu actuel de la finance. Il comprend non seulement la production mais aussi le contrôle et la communication financière, toujours plus complexe et à rendre maintenant cohérente.

Traçabilité et sécurité

La multiplication des interlocuteurs et du travail autour de la donnée impactent-ils sa sécurité ? Quid de sa traçabilité ?

Jean-Baptiste Auzou : “De ce constat, les interlocuteurs concernés et touchés par la donnée se sont multipliés, tous les services de l’organisation sont désormais concernés et impactés.
D’une donnée financière traitée par les fonctions finances et quelques interlocuteurs uniquement dans cette fonction finance, nous sommes passés à de nombreux interlocuteurs finance sensibilisés à la criticité de la donnée à des interlocuteurs sans ou avec peu de culture de la données et encore moins de la culture de la sécurité de la donnée.

Qui plus est, la culture de mise à disposition de la donnée à titre individuel portée par les réseaux sociaux a eu des effets très négatifs sur le comportement des individus.

Cette multiplication d’interlocuteurs pose bien évidemment la question de la sécurité des données. Tant que quelques acteurs très circonscrits au sein de la comptabilité ou de la finance avaient accès à ces données, tout était bien balisé. A partir du moment où le nombre d’acteurs se développe dans de nombreux services, et dans tous les pôles de l’entreprise, sa sécurité devient un enjeu majeur.

Cette donnée contient toutes les informations de réalisations et donc toutes les informations stratégiques de l’entreprise. Étendre sa diffusion pose donc la question de sa sécurité.

Quand à la traçabilité, c’est le fondement même de notre métier chez Cegid. Notre solution est le coeur de la traçabilité des données et du suivi, entre les chaînes métiers et les chaînes comptables et financières. Ces solutions sont opérationnelles depuis plus de 20 ans ! Dans un contexte d’auditabilité des données financières, 80% de nos clients choisissent nos solutions pour leur fonctions de traçabilité de la donnée de bout en bout : de l’évènement générateur en gestion à sa comptabilisation.

Patrice Kalfon : Le nombre d’interlocuteurs s’est accru avec l’apparition de l’ensemble des normes. En effet, sur le plan technique, auparavant, pour produire un bilan social, il suffisait de se brancher à la donnée de gestion pour récupérer les flux de primes et de prestations ainsi que les VNC des actifs. Deux éléments venaient en plus enrichir les d’arrêtés : les provisions d’actifs et les provisions de passifs, avec lesquelles vous aviez 90% de vos comptes d’assurance de réalisé (en poids de total de bilan). Les systèmes de gestion fournissaient bien plus d’informations qui sont devenues indispensables avec l’apparition des IFRS. Il a fallu capturer la juste valeur des actifs, puis l’ensemble des flux pour avoir le Best Estimate et la Marge de risque, décomposés par Groupe homogène de risque.

Désormais, les QRT passent au peigne fin l’ensemble des activités de l’assureur. Ils identifient les sinistres de pointe et les sinistres de fréquence, en décomposant les contrats de réassurance. Enfin, les chocs de taux, de mortalité, de longévité entrent désormais dans l’élaboration du SCR.

Demain avec IFRS 17, les BE, les ajustements pour risque et les Marges Contractuelles de Service devront être calculés sur des segmentations de portefeuille encore différentes (onéreux) en tenant compte des options et garanties à l’instar de la MCEV.

Pour autant, ces modèles complexes nécessitent des données fiables, robustes, pérennes, représentant une image fidèle de la réalité (notamment juridique et contractuelle), respectant la séparation des exercices, correctement classifiée, sans omissions (existence), correctement évaluée et prenant en compte l’ensemble des obligations et enfin intelligibles.

La sécurité des données ? C’est d’abord le respect de toutes ces assertions que les commissaires aux comptes vérifient chaque année. Mais c’est aussi et surtout une piste d’audit et une traçabilité. Ce n’est pas un nouveau sujet ; déjà en 1990, avec le contrôle fiscal des comptabilités informatisées se posait ce sujet. C’est, pour rappel, une obligation fiscale mais également une obligation du code du commerce.
Alors, me direz-vous, qu’est ce qui a changé ? Sans aucun doute, la volumétrie de l’information traitée. On traite beaucoup plus d’informations qu’avant et là est bien le risque et le besoin d’automatisation pour sécuriser l’acquisition, le traitement et la restitution des données. Mais ne nous méprenons pas, ce n’est pas parce que c’est automatique que c’est juste : L’automatisme n’est pas une assurance qualité et ne dédouane pas l’entreprise d’un contrôle interne sérieux de ses données.

Qualité de la donnée

Quelle coordination entre les « chaînes métiers » et le système d’information comptable et financier pour respecter le niveau d’exigence de la qualité des données attendue ?

Jean-Baptiste Auzou :Une coordination complète, entre les chaînes métiers et le SI comptable et financier. C’était il y a plus de 10 ans …. nous avons mis en place des systèmes de comptabilisation et de vérification de la données entre ces chaînes, pour permettre de justifier la qualité de la donnée.
En effet, la diffusion et l’instantanéité de cette diffusion complétées par un domaine réglementaire fort implique une qualité de la donnée dans le SI.
Sans contrôles de ces éléments entre chaînes, sans une unicité de la donnée, sans des règles de validation et de transformation des données source alors pas de qualité des données.
C’est pourquoi nous proposons des solutions de transfert et de transformation de la donnée au sein du SI.

Le temps : le même pour tous les acteurs

Patrice Kalfon : “Ceux qui ont déjà fait des arrêtés comptables savent qu’il y a un paramètre majeur dans cette activité : c’est le temps.
Le temps joue en premier lieu au niveau de l’arrêté dans le cut off. Il faut arrêter l’ensemble des chaînes à même date et, pour certaines, même heure. Sinon, vous êtes certains d’avoir des incohérences au sein de vos données / vos arrêtés. Cela veut dire que l’agenda de tous les acteurs doit être synchronisé et qu’ils échangent pour connaître leurs problématiques respectives et ainsi parvenir à respecter les délais.
Il faut que l’ensemble des flux pris par l’ensemble des acteurs soient identiques. Mais qu’il est compliqué d’assurer la cohérence / le rapprochement des 3 acteurs suivants : comptabilité, gestion, actuariat. Certains, pour pallier cette problématique, ont mis en place en amont des datawharehouse où l’ensemble de la donnée arrêtés est stockée en amont. Ainsi, l’ensemble des acteurs accèdent au même endroit et disposent de la même donnée.

Le rôle des interpréteurs comptables

Patrice Kalfon : Les interpréteurs comptables se sont répandus afin d’assurer la traçabilité des flux. Des entreprises les ont mis au centre du système d’information pour alimenter les comptables et les actuaires, de manière cohérente et uniforme. Capables de traiter de gros volumes de données, ils intègrent pour les plus avancés les traitements comptables sociaux, mais aussi les retraitements de consolidation sur les actifs, et sur les passifs, voire les retraitements prudentiels. Ils garantissent ainsi cohérence multi-normes et la capacité de rapprochement.
Alors, les outils de consolidation (les plus avancés) ne sont plus seulement des outils de production des annexes sociales ou de consolidation / combinaison pour les Groupes. Ils ont pris le rôle de producteurs des états prudentiels intégrant ainsi également les retraitements prudentiels dans leur démarche. Ils seront demain les outils de rapprochement multi-normes intégrés. C’est sur eux que reposait hier la lourde tâche de savoir expliquer les écarts entre les comptes sociaux et consolidés. Sur eux que repose aujourd’hui la lourde tâche de rapprocher le bilan social et consolidé des bilans prudentiels solo et conso. Et demain, sur eux que reposera celle de rapprocher le social, le prudentiel et la consolidation IFRS à la maille fine du BE de la RM, versus la RA et des fonds propres multi norme. Savoir expliquer tout ceci sera l’enjeu majeur de la communication financière.

En effet, au final comme je le dis au sein de l’advisory panel de l’EFRAG, n’oublions pas pour qui ou pour quoi nous opérons l’ensemble de ces travaux. L’objectif est de donner plus de transparence pour les investisseurs, pour les agences de notations, pour le régulateur pour les dirigeants et les instances de l’entreprise. Il ne faut pas que cela soit un vœu pieu et que cette transparence se transforme en inintelligibilité du fait d’une complexité telle que personne n’a l’expertise, le niveau de compétence suffisante pour lire les états financiers et les données (quand bien même seraient-elles de qualité) qui ont été produits à leur intention.

 

La diffusion de la donnée est contrainte par un domaine réglementaire fort qui implique un haut niveau de qualité de cette donnée dans le SI. Sans contrôles, sans règles de validation et de transformation des données sources, la qualité de la donnée ne peut être garantie. C’est pourquoi nous proposons des solutions de transfert et de transformation de la donnée au sein du SI.” Jean-Baptiste Auzou


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Cegid ISIE est une solution de traduction de données inter-applicatives dont l’application principale est l’interprétation et la traduction comptable et financière. Son champ d’action permet de répondre à tout type d’échanges inter-applicatifs tant sur les données applicatives de gestion que sur les éléments de référentiels.

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