Gestion des talents

Recycler, rehausser et acquérir des compétences, en réponse à l’automatisation

18 février 2022

6 min
La pandémie a bouleversé le quotidien des employés et des employeurs, qui ont respectivement été obligés de travailler à distance et d’automatiser certaines de leurs pratiques pour maintenir une continuité des activités. Malgré la reprise économique, la pénurie de talents freine leur croissance et nuit à leur compétitivité.

Dans un tel contexte, il ne faut pas s’étonner que l’automatisation des processus soit devenue une solution incontournable pour maintenir la productivité et la rentabilité des entreprises. Alors que les entreprises envisagent son implantation, les responsables RH doivent s’interroger sur les meilleures façons de préparer la main-d’œuvre à l’avenir du travail et mettre en place les conditions favorables pour inciter les talents à recycler, rehausser et acquérir les compétences nécessaires pour demeurer pertinents.

 

Ce qu’est l’automatisation ?

Implantée jusqu’à présent pour automatiser des processus répétitifs ou manuels, cette pratique gagne en popularité depuis l’intégration de fonctions d’intelligence artificielle (IA). Un ajout qui ouvre la porte à la transformation de l’ensemble des processus de l’entreprise, même les plus inhabituels, complexes ou nécessitant un certain niveau de réflexion.1

Contrairement à la croyance populaire, le plus grand avantage pour les entreprises n’est pas de réduire les coûts en raison d’une diminution des effectifs, mais plutôt de leur permettre de faire plus, mieux et plus rapidement. Tandis qu’en collaborant avec la technologie, les employés accompliront leur travail avec moins d’effort mais aussi plus vite. Ils profiteront ainsi davantage de temps pour se concentrer à des tâches stratégiques, créatrices de valeur et complexes, ne pouvant être effectuées que par des humains.

 

La transformation du monde du travail

 «L’évaluation du risque d’une automatisation presque complète des emplois s’élevait à 9,2 %, alors que celle d’automatiser de grands changements dans les emplois s’élevait à 23,5 %.2 »

OCDE, 2020

Dans les prochaines années, les grands bouleversements technologiques, issus de l’automatisation intelligente, remodèleront la société et le monde du travail en raison du potentiel d’applications qu’elles offrent à de nombreux métiers et secteurs de l’économie. Conséquemment, on constatera des créations, disparitions et réorganisations de postes, des réaffectations de tâches, de nouvelles façons de faire et de nouveaux modèles d’affaires.3

La transition vers l’automatisation s’est amorcée plus rapidement que ne l’avaient anticipée les experts due à la crise sanitaire et se poursuivra à un rythme plus soutenu en raison d’importants facteurs affectant la pérennité des entreprises comme la pénurie de main-d’œuvre, des avancées technologiques et le manque de compétences dont elles ont besoin.4

Pour se préparer à l’avenir, les entreprises innoveront pour mieux anticiper et exploiter les grands changements technologiques et les transformations de leur effectif. Elles réfléchiront aux meilleures façons de concilier « technologie et employé » pour maximiser le potentiel de leur main-d’œuvre, créer plus de valeur et avoir un impact durable sur l’entreprise.5

 

Les répercussions pour les employés

 «D’ici à 2030, les employés passeront de 41 % à 50 % plus de temps à utiliser des compétences technologiques.5 »

McKinsey Workforce Institute, 2018

L’avenir du travail comportera un lot de changements pour les employés au niveau de la teneur des emplois, de la manière des concevoir, des interactions entre les employés et la technologie et de l’effort et l’efficacité pour réaliser les tâches.3 Toutefois, il leur offrira aussi des avantages considérables comme une simplification du travail, un accroissement de productivité et une plus grande satisfaction à réaliser des tâches plus stratégiques, créatrices de valeur et complexes.

Les changements à venir amèneront les travailleurs à se recycler ou à améliorer leurs compétences. Sans surprise, les compétences d’avenir seront celles liées aux technologies et aux compétences transversales dont : la résolution de problèmes, la capacité d’apprendre rapidement, la créativité et l’intelligence sociale, etc.Ces nouvelles compétences leur permettront de faire face à une perte d’emploi potentielle et de naviguer dans les transitions vers de nouveaux emplois.3

Les professions d’avenir seront celles qui sont spécialisées ou en lien avec de nouvelles technologies et façons de travailler, de même que celles dont les compétences ne peuvent pas être automatisées. L’avenir sera aussi prometteur pour les métiers qui requièrent un travail cognitif non routinier. Le secteur des services et des métiers routiniers seront les plus à risques de subir les conséquences des technologies intelligentes, étant donné leur fort potentiel d’automatisation.4

Pour demeurer pertinent dans le marché de l’emploi, les employés auront intérêt à devenir acteurs de leur employabilité, en étant ouverts à apprendre, à se développer et se perfectionner en continu. Ainsi qu’à prendre en main l’évolution de leur carrière.Heureusement, des solutions existent déjà pour les appuyer en ce sens, notamment en :

  • Consolidant en temps réel toutes les informations sur leur carrière et en donnant l’occasion aux employés de mettre en valeur ou en contexte leurs compétences, ambitions et motivations.
  • Suggérant les meilleures opportunités d’emplois disponibles à l’interne, selon les pré-requis aux postes et les informations contenues dans leur profil talent.
  • Permettant de postuler à un poste d’un seul clic et de suivre facilement l’évolution de leur candidature.

 

Quel rôle joueront les RH ?

 «74 % des entreprises déclarent qu’une requalification de leur main-d’œuvre sera importante à leur succès dans les 12 à 18 prochains mois.1 »

McKinsey Workforce Institute, 2018

Selon Deloitte, la meilleure technologie ne permettra pas aux employés de s’adapter et réussir dans un monde en constante évolution. C’est plutôt les professionnels RH qui les soutiendront en bâtissant une main-d’œuvre durable prête à relever les défis d’aujourd’hui et de demain.1

Dans un premier temps, une réévaluation du travail dans l’entreprise doit se faire en réfléchissant par exemple à son potentiel d’automatisation, au travail qui est fait et qui sera à faire. Une analyse de la combinaison optimale de la main-d’œuvre « employé-machine » requise pour accomplir le travail doit considérer : les impacts de l’automatisation sur les emplois, les besoins futurs de main-d’œuvre, les répercussions d’un manque d’employés, les compétences et aptitudes actuelles et celles qui seront requises.Un exercice nécessaire pour déterminer les compétences à recycler, rehausser et développer ainsi que pour établir les moyens d’acquérir rapidement les connaissances, les compétences et l’expérience requises à l’exercice de nouveaux rôles.

C’est notamment en créant une culture d’apprentissage en continue et en intégrant l’apprentissage, l’expérimentation et la pratique en milieu de travail, aux programmes de formation et de développement des talents, qu’ils y parviendront.7

Étant donné l’importance du rôle que joueront les professionnels RH dans la transformation de l’entreprise, il serait souhaitable de débuter par l’automatisation de leur direction. Une utilisation judicieuse et stratégique de leur temps qui contribuera par la suite à l’ensemble de l’organisation.

 

Conclusion

La meilleure façon pour les entreprises de se préparer au futur du travail est de bien anticiper et exploiter les changements technologiques à venir. Ce qui dépendra grandement de la capacité à laquelle elles parviendront à s’adapter aux nouvelles technologies, au même rythme qu’à préparer les employés à leurs nouveaux défis.

C’est en misant sur l’intelligence « collective » et en favorisant l’expérimentation, l’apprentissage et le partage de compétences et d’expérience en milieu de travail que vous réussirez à bâtir la main-d’œuvre de demain.7

 

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RÉFÉRENCES

  1. Building the future-ready workforce, Deloitte Canada.
  2. The risk of Automation for jobs in OECD Countries and Employment Outlook 2016, OCDE.
  3. Marguerita Lane and Anne Saint-Martin, The impact of AI on the labour market : What do we know so far?, OECD Social, Employment and migration working papers no 256, 2021.
  4. Automatisation, nouveaux modèles d’affaires et emploi, Institut du Québec, 2018.
  5. Étude McKinsey Workforce Institute, 2018.
  6. Bridging the digital divide (video), PWC, April 13 2021.
  7. The future ready workforce series : Upskilling to prepare for the future of work, webinar, University