Faut-il surveiller les télétravailleurs ?

« Dans l’espace, personne ne vous entend crier », annonçait le film Alien. Il est temps d’adapter cette célèbre accroche à l’heure du coronavirus : « En télétravail, personne ne vous voit bosser ». Et c’est légitime, nombre d’employeurs craignent un relâchement.

Leur réflexe ? Se tourner vers des logiciels de surveillance à distance, comme le révèlent plusieurs études. Au mois de juin, la demande pour ce type de solutions avait augmenté de plus de 50 % dans le monde par rapport à l’an dernier[1]. En France, selon un sondage mené à l’automne auprès de plus de 1400 personnes, 45 % des salariés travaillent dans une entreprise contrôlant le télétravail. 

Dans les trois-quarts des cas, il s’agit d’une nouveauté liée à l’épidémie[2].

Faut-il crier à l’espionnage, parler de flicage ? Certainement pas. D’abord, parce que ces systèmes sont encadrés par la loi. En France comme au Québec, les moyens de contrôle doivent être adaptés à la tâche accomplie et la personne concernée tenue informée. Dans l’Hexagone, la consultation préalable des représentants du personnel est obligatoire. Ensuite, parce que ces logiciels peuvent aussi répondre aux intérêts des télétravailleurs, ainsi assurés que leur temps de travail réel sera connu, leurs heures supplémentaires enregistrées et leur charge mieux prise en compte.

La productivité individuelle s’est maintenue ou a progressé

La vraie question est plutôt celle du besoin. Toutes les sociétés n’ont pas été confrontées à une chute de productivité, au contraire.

Pour 75 % des télétravailleurs, l’efficacité individuelle a été aussi bonne, voire meilleure qu’en temps normal[3]. Les chiffres sont inférieurs pour les tâches collectives, mais c’est davantage lié au manque de spontanéité des échanges à distance qu’à une quelconque paresse.

Le télétravail est un changement organisationnel qui suppose une adaptation de la façon de diriger : moins de microgestion, mais des objectifs individuels mieux définis, alignés avec ceux de l’entreprise, et un suivi régulier de la performance comme le permet la suite logicielle Cegid Talent. La crise actuelle se révèle en réalité une occasion unique de développer la confiance entre managers et managés et de faire grandir la maturité des entreprises.