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Fintech : ces startups qui menacent votre banque

29 novembre 2016

5 min

Le monde de la finance tremble. Et cette fois ce n’est pas à cause d’une énième crise financière qui pointerait le bout de son nez. Aujourd’hui, ce sont des startups qui ambitionnent de disrupter un secteur que l’on croyait définitivement à l’abri grâce au fameux ‘too big to fail’. Le point sur le combat des fintech, qui s’apparente, pour l’instant, à celui de David contre Goliath.

 

Que signifie FinTech ? Définition :

FinTech est un mot-valise issu de la contraction de « Finance » et « Technologie ». Les FinTech sont des startups qui s’appuient sur les technologies numériques pour proposer des services financiers innovants.

Ces offres se positionnent en BtoC, en BtoB ou même en CtoC, et innovent sur plusieurs des segments traditionnels de la finance. Parmi ceux-ci : le paiement, les prêts, l’investissement, la gestion d’actifs, l’assurance, l’épargne, ou encore l’affacturage.

 

Pourquoi un tel essor des fintech ?

Disrupter un secteur aussi sensible et réglementé que la finance n’est pas chose aisée. D’autant plus que les banques n’ont pas manqué de se transformer ces dernières années. Elles se sont notamment emparées d’internet et des smartphones pour proposer des services en ligne et des applications en phase avec les nouveaux usages.

Cause ou conséquence, la fréquentation des quelques 38 000 agences bancaires françaises a lourdement chuté : dès 2014, seuls 17% des français poussaient la porte de leur agence au moins une fois par mois. Ils étaient 4 fois plus nombreux 5 ans plus tôt.
Certains acteurs historiques ont même créé des marques de toutes pièces pour surfer sur la tendance, comme BNP Paribas avec Hello Bank.

Mais les startups fintech vont plus loin. Pour prendre le dessus sur les acteurs traditionnels, elles s’appuient sur 3 avantages concurrentiels majeurs :

 

1. Elles s’approprient plus rapidement les nouvelles technologies

C’est l’avantage classique que possèdent les startups sur les acteurs installés : l’agilité, et la capacité à mettre rapidement des nouveaux produits sur le marché. Or, plusieurs technologies émergentes trouvent des applications directes dans le domaine de la finance. Ce sont autant d’opportunités d’innovation pour les jeunes pousses. On pense à la blockchain, à l’intelligence artificielle, à l’automatisation des processus, et bien sûr au Big Data.

La startup française Lemon Way par exemple, travaille déjà sur une solution de micro-assurance basée sur la blockchain. Dans le même temps, QuantCube Technology s’appuie sur le big data pour développer un indice de notation qui agrège des données aussi variées que la météo, la réputation de l’entreprise sur les réseaux sociaux, et même les variations de prix des produits sur les sites de vente en ligne : si l’entreprise casse les prix, le scoring baisse !

 

2. Elles embrassent les nouvelles approches de la consommation

Pour la génération Y, « la réussite d’une entreprise devrait être mesurée sur des critères allant au-delà des seuls résultats financiers ». Cette quête de sens ouvre la voie à la consommation collaborative, ainsi qu’à la prise en compte des enjeux sociétaux et environnementaux pour lesquels les acteurs traditionnels ne sont pas toujours crédibles.

C’est sans doute pourquoi les nouvelles solutions de financement participatif (« crowdfunding ») incluent souvent une dimension éthique : financement de projets environnementaux (Lendosphere), de projets coopératifs (Wiseed), etc.

On citera aussi des initiatives comme LendUp qui propose aux consommateurs américains des solutions de crédits sophistiquées à taux cassés pour lutter contre le surendettement des ménages dans le pays.

 

3. Elles bénéficient de la défiance des consommateurs vis-à-vis du monde de la finance traditionnel

Depuis les années 90 déjà, l’image du banquier-conseiller qui connait ses clients et défend leurs intérêts a du plomb dans l’aile. Depuis cette époque, il est d’avantage perçu comme un vendeur de produits financiers.

La crise de 2008 a enfoncé le clou et laissé des traces dans les esprits : selon un sondage de l’Ifop réalisé en 2015, 42% des Français n’ont pas confiance en leur banque.

Les fintech profitent de la brèche pour ubériser les intermédiaires financiers historiques.

 

Finalement, le métier des banques est d’être des intermédiaires, or le Web est une machine à désintermédier

Yann Ranchere, Directeur des investissements chez Anthemis Group.

 

La fintech : une usine à licornes

Les licornes sont ces startups dont la valorisation dépasse le milliard de dollars. De ce point de vue le secteur de la fintech est une source prolifique : on en dénombre déjà plus de 25.

Dans ce classement, on trouve naturellement une majorité d’entreprises américaines, parmi lesquelles :

  • Square : paiement mobile
  • Stripe : paiement en ligne
  • Lending Club (dirigée par le français Renaud Laplanche) : prêts entre particuliers
  • Zuora : gestion et facturation d’abonnements

Fait notable, on y trouve aussi plusieurs acteurs issus de pays émergents avec des startups chinoises (Jimubox, Qufenqi, Lufax) et indiennes (Housing.com, One97).

 

Quid des fintech françaises ?

Si aucune entreprise française n’émerge dans la catégorie des licornes, l’hexagone compte tout de même de nombreuses FinTech. Parmi les plus créatives on peut citer :

  • Leetchi : cagnottes en ligne
  • Prêt d’Union : prêts entre particuliers
  • Bankin’ : pour consulter tous vos comptes bancaires en un clin d’œil
  • Anaxago : financement collaboratif de projets immobiliers et d’entreprises de croissance
  • FinexKap : affacturage

 

La réaction des acteurs traditionnels

D’après une récente étude de PwC, 83% des établissements financiers traditionnels considèrent être confrontés à une concurrence croissante des FinTech.

Certains de ces acteurs réagissent et se rapprochent des startups, multipliant partenariats, prises de participations et acquisitions. Exemples :

  • Simple (USA), a été rachetée par la banque BBVA en 2014 pour 117 millions de dollars.
  • Crédit Mutuel Arkéa a racheté 86% du capital de Leetchi (France) pour plus de 50 millions d’euros.
  • En juillet 2016, BPCE a fait l’acquisition de la banque en ligne allemande Fidor Bank.

On peut parier que ce genre d’opération va se multiplier dans les années à venir. Cette boulimie n’est pas sans influence sur la valorisation des jeunes pousses, et l’attrait qu’elles représentent pour les investisseurs. A ce titre, on remarque que les montants levés par les fintechs ont connu une croissance soutenue. Ils sont ainsi passés de 2,5Md€ en 2012 à 12,1Md€ en 2014, puis 20 Md$ en 2015.

 

C’est sans doute pourquoi d’autres institutions financières historiques ont lancé leur propre fonds d’investissement spécialisé. On peut citer celui de la banque Santander (doté de 100 millions de dollars) ou encore AXA Factory, de l’assureur éponyme (200 millions d’euros).

49,7 milliards de dollars : c’est le montant total investi dans les Fintech dans le monde, entre 2010 et 2015.

Certains parlent déjà de bulle spéculative sur le secteur des fintech. En tout état de cause, le nombre de projets lancés laisse penser que toutes les initiatives ne seront pas couronnées de succès. Une concentration des acteurs, voire une purge, est sans doute à prévoir.

 

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